Expansion au Labrador
Le Labrador est une vaste région soumise à des conditions climatiques difficiles et composée de petites collectivités rurales. Le Dominion de Terre-Neuve n’avait tout simplement pas les moyens d’installer des câbles pour desservir chacune d’entre elles. Toutefois, grâce aux nouvelles stations télégraphiques sans fil, un réseau de communication au Labrador devenait soudainement possible.
Le gouvernement de Terre-Neuve entame ainsi des discussions avec la Canadian Marconi Company (CMC) en 1901 et conclut une entente en 1903 pour la construction de stations le long de la côte du Labrador. En raison de la mauvaise conductivité du sol et des conditions météorologiques, les stations du Labrador ne pouvaient pas émettre aussi loin que des stations similaires ailleurs. Il fallait donc en construire d’autres. Même si elles desservent une population beaucoup plus petite, 16 des 26 stations présentées dans la chronologie se trouvaient au Labrador. Celles-ci jouaient un rôle important, mais de nombreuses informations à leur sujet ont été perdues au fil du temps.
Le gouvernement de Terre-Neuve construit ses cinq premières stations au Labrador à American Tickle, Battle Harbour, Domino, Indian Harbor et sur l’île Venison. En 1906, ces stations étaient toutes opérationnelles. Elles communiquaient avec les navires de passage et elles envoyaient et recevaient des messages pour les citoyens et les entreprises locales. En 1910, d’autres stations sont construites au cap Harrison ainsi qu’à Grady Harbor, Holton et Makkovik, ce qui permet au réseau de s’étendre considérablement.
Une tension croissante
Pour plusieurs raisons, la tension au sujet des stations du Labrador ne tarde pas à monter entre le gouvernement de Terre-Neuve et la CMC. Le premier problème concerne la dotation en personnel. Travailler comme opérateur pour Marconi n’était pas facile. De nombreux opérateurs ne venaient pas du Labrador et ont dû s’y installer. Le fait que la plupart de ces stations ne fonctionnent que de juin à octobre ne facilitait pas les choses. Il était donc difficile de maintenir un nombre suffisant d’employés pour faire fonctionner les stations.
Le deuxième problème concerne l’argent. Le fonctionnement des stations de télégraphie sans fil coûtait très cher. Comme il y avait beaucoup de stations desservant une petite population, ces stations perdaient de l’argent. Elles jouaient cependant un rôle très important et, pour cette raison, il fallait trouver une solution. Le gouvernement de Terre-Neuve et la CMC concluent donc une entente en 1906, en vertu de laquelle le gouvernement devenait propriétaire des stations et pouvait en réduire tous les coûts possibles. En échange, la CMC les exploiterait et conserverait tous les bénéfices. Cette solution s’est révélée fructueuse et les stations télégraphiques au Labrador sont restées ouvertes.
Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, la sécurité de l’information suscita des inquiétudes. Le gouvernement ferma donc toutes les stations du Labrador et renvoya les opérateurs chez eux. Cette mesure entraîna toutefois de nombreux problèmes : les communautés ne pouvaient soudainement plus entrer en contact les unes avec les autres et les navires empruntant les principales voies de navigation n’avaient aucune information sur les conditions de navigation qui les attendaient. Après seulement un mois, le gouvernement ordonne la réouverture des stations, mais il commence à censurer toutes les informations qu’elles transmettent. Cela montre l’importance de ces stations pour la population du Labrador et pour l’économie du Dominion de Terre-Neuve.