Maude, une des premières femmes médecins au Canada
Diplôme en main, Maude est déterminée à poursuivre son éducation à Montréal. « Mon vœu le plus cher serait de demeurer étudiante à McGill ».
Elle assiste au plaidoyer de sa bonne amie Octavia Ritchie en faveur de l’admission des femmes en médecine. Son discours la stimule et l’inspire. Encouragée par sa famille et appuyée par un groupe de femmes, Maude dépose une demande d’admission à la Faculté de médecine de l’Université McGill. Confiante, elle écrit : « Je vous prie sincèrement de mettre en place certaines dispositions favorisant mon acceptation au prochain semestre. »
Le registraire refuse. Sa réponse est rapide et cinglante: « Déjà que les femmes ont accès à la Faculté des arts. » Certains médecins réagissent avec véhémence dans ce débat: « Je m’oppose vertement contre une éducation mixte en médecine. » « Ce serait une calamité. » Malgré son excellence académique, l’Université McGill refuse d’admettre Maude Abbott, la Faculté de médecine étant strictement réservée aux hommes.
En 1890, Maude reçoit une invitation de la faculté de médecine de l’Université Bishop, rivale de McGill. Plus progressiste, le programme fait désormais une place aux femmes. Bishop avait installé depuis 1871 la faculté de médecine à Montréal, aux coins des rues Ontario et Jeanne-Mance. Maude est acceptée immédiatement. Elle est la seule femme de sa classe.
Loin de son alma mater, Maude se console à l’idée que Bishop offre les stages de formation à l’Hôpital général de Montréal. Cela permet à Maude de côtoyer les professeurs de McGill puisque ces derniers supervisent les stages de formation. Maude affronte un obstacle majeur avant d’accéder à ses stages. Elle doit se procurer un certificat appelé perpetuel ticket au coût de 20$ pour assurer son inscription. Son chèque est encaissé mais le brevet tarde à venir. Inquiet de la perspective d’un afflux majeur de femmes à l’Hôpital, le comité de gestion décide de ne plus émettre de certificat aux femmes. Un tollé de protestation s’élève puis Maude reçoit le sien par la poste à St. Andrews. Cela met fin à la polémique. Maude Abbott demeure la seule femme sur le plancher de l’Hôpital général de Montréal pour les trois années de sa formation clinique.
« Ce sont des jours sombres… n’étant plus entre les murs de ma bien aimée McGill … je me sens vraiment seule », écrit-elle dans son journal.
Première de classe, accumulant les distinctions, elle obtient son doctorat en médecine en 1894. Elle devient ainsi une des premières femmes médecins au Canada.