Un démarrage lent pour une communauté
Arrivées récentes
En 1910, des rumeurs de découverte d’or dans la région de Kirkland Lake ont incité les prospecteurs à arriver par trains entiers à Swastika. Le village nommé d’après l’ancien symbole de la chance possédait lui-même plusieurs mines éphémères.
Ces prospecteurs ne venaient pas seulement des champs d’argent de Cobalt, mais aussi de toute l’Amérique du Nord et d’ailleurs. Ils ont commencé à revendiquer des propriétés qui suivaient le tracé d’une ancienne faille géologique aurifère connue sous le nom de « Main Break ». Ce tronçon de trois milles de long est rapidement devenu le camp aurifère de Kirkland Lake.
La découverte d’un gisement d’or n’était que la première étape de la création d’une mine. Le soutien financier des investisseurs a permis d’embaucher du personnel et du matériel. Il a fallu de nombreuses heures de travail manuel et l’utilisation de machines transportées sur le site encore boisé pour creuser à la main un puits vertical dans la roche dure du Bouclier canadien. C’était un travail difficile qui n’était pas toujours récompensé par le succès, et de nombreux hommes sont repartis les mains vides.
La mine Tough-Oakes a creusé son premier puits en 1912, et les mines Sylvanite et Teck-Hughes étaient en place l’année suivante. À l’époque, Kirkland Lake n’était rien de plus qu’une clairière dans la brousse avec quelques cabanes précaires recouvertes de papier goudronné et de rares magasins.
L’un des premiers propriétaires de magasins était Max Kaplan. Lui et son frère Hymen étaient des immigrants juifs d’origine lituanienne qui avaient débarqué à New York, pour rejoindre ensuite Toronto, avant de se diriger vers le nord. Ils ont ouvert le magasin général Kaplan Brothers en 1915 et, au fil des ans, ont vu Kirkland Lake passer d’un camp minier rudimentaire à une ville moderne. Et quelle a été la première impression de Max sur Kirkland Lake à son arrivée?
« J’ai eu envie de prendre le train pour retourner à Toronto. J’ai été terriblement déçu… il y avait quelques cabanes précaires et maisonnettes en rondins, mais la majeure partie du village se trouvait sur la propriété des Teck-Hughes. »
Malgré tout, il est déterminé à rester. Les autochtones de la région échangeaient des fourrures et du bois aux Kaplan pour s’approvisionner, tandis que les prospecteurs et les premiers mineurs achetaient ce dont ils avaient besoin – parfois à crédit prolongé. L’entreprise familiale connaît un succès et les Kaplan s’installent dans la nouvelle ville.
Le camp aurifère de Kirkland Lake
À ses débuts, la communauté ne connaît pas la même vitesse de développement ni la même explosion démographique que la ville en plein essor de Cobalt. La population du camp de l’or compte environ 200 personnes en 1914 et, à l’exception de quelques familles, elle est surtout composée de jeunes hommes célibataires venus des Maritimes et de l’Ontario.
Certains de ces hommes partent peu après pour tenter leur chance dans d’autres villes minières bien connues du Nord, comme Sudbury et le Porcupine Gold Camp, ou pour s’engager dans l’armée canadienne pour la Grande Guerre. Dans les deux cas, bon nombre de ces hommes ne sont jamais revenus à Kirkland Lake.
La Lake Shore Mine et la Wright-Hargreaves Mine ont été constituées en société malgré le contretemps de la guerre et la pénurie de main-d’œuvre.
Elles deviendront les plus grandes mines produisant de l’or et les plus grands employeurs de Gold Camp.
Si l’on examine les registres de paie de ces mines, on constate que les noms de famille sont principalement britanniques au cours des premières années, auxquels s’ajoutent des noms d’origine de l’Europe de l’Est à la fin des années 20.
Les postes de gestion et de supervision des mines étaient souvent occupés par des hommes nés au Royaume-Uni ou au Canada, tandis que les migrants récents occupaient des postes très exigeants physiquement et étant moins bien rémunérés. Ils connaissaient peut-être peu l’anglais, mais ils avaient la réputation d’être des travailleurs acharnés, prêts à fournir la main-d’œuvre nécessaire pour accomplir le travail.
Bien que leurs salaires aient été décents selon les normes canadiennes, ils étaient considérés comme bien meilleurs que ceux qu’ils auraient perçus dans leur pays. Pour cette raison, certains migrants sont revenus plusieurs fois dans la région pour travailler sous contrat, tandis que d’autres ont choisi de s’installer de façon permanente à Kirkland Lake.
Le T&NO a attiré une grande variété de personnes dans la région pour bien plus que l’agriculture et la récolte de ressources naturelles. L’optimisme et les possibilités étaient un attrait suffisant pour ceux qui étaient déjà au Canada et pour ceux qui étaient prêts à voyager au-delà des frontières du pays.