Stéphane Raymond, Métis
Entrevue de Stéphane Raymond : Stéphane Tessier. Réalisation et prise de vue pour la vidéo : Nicolas St-Germain.
Stéphane Raymond (SR), au centre de l’écran, parle avec Stéphane Tessier (ST), historien et animateur. Ils sont sur un sentier de l’île de la Visitation près du rivage de la rivière des Prairies. Nous voyons derrière lui la centrale hydroélectrique de la rivière des Prairies. Ils discutent de la rencontre de Stéphane Raymond avec Anne-Catherine Morel, de son arrivée au Sault-au-Récollet et de sa vie comme résidant récent de l’île de la Visitation. Au fil de la discussion, Stéphane Raymond nous explique ses racines familiales Anishinaabe et Québécoise et la rencontre de ses parents au parc Lafontaine à Montréal.
SR Je suis Stéphane Raymond. Je suis un habitant de l’île de la Visitation depuis quelques années. Je suis le conjoint d’Anne-Catherine Morel, que t’as déjà rencontré.
ST Oui!
SR Et on vit ensemble depuis 3 ans.
Je suis un Métis. En Algonquin, c’est « Aptésie ». Mais ma communauté, c’est des Anishinaabe du Lac-Simon. Mon père est Québécois aussi. Donc j’ai les deux racines.
ST Tu l’as rencontré comment ta conjointe?
SR Ben, c’est une belle rencontre, par Internet.
Puis à ce moment-là, dans ma vie, j’habitais dans le parc La Vérendrye, en fait, près du Grand lac Victoria. C’est un affluent de la rivière des Outaouais, donc à la blague, je lui disais que je pouvais venir jusque dans l’île de la Visitation en canot.
ST Ça ne s’est pas fait?
SR Non, le périple est un peu loin : 10-12 portages…
(rires)
SR Aujourd’hui, l’autobus est beaucoup plus rapide.
ST Mais, t’habites quand même dans l’île de la Visitation. Tu t’es quand même rendu!
SR Je me suis quand même rendu, oui! Je suis même rendu « sédentaire » dans l’île.
ST Comment tu trouves ça habiter dans l’île de la Visitation?
SR Ben, j’aime beaucoup ça, parce qu’on voit beaucoup de traces du passage des Autochtones. Les Anishinaabe étaient dans le nord de l’île et les Mohawks, plus au Sud. Puis il reste encore plein de dénominations, comme le « Sentier des sauvages », qui est aujourd’hui le « Sentier des messagers ».
Donc il y a eu une belle cohabitation des Autochtones et des Québécois. Puis, écoute, on fait la même chose aujourd’hui.
ST T’es poli!
(rires)
ST T’as des racines montréalaises, aussi…
SR Oui! J’ai grandi dans Rosemont…
ST Non!
SR …parce qu’à l’époque, quand mes parents se sont mariés, ma mère étant Autochtone, et mon père, Québécois, elle a perdu ses droits et j’étais pas au courant du fait que j’étais Autochtone, jusqu’à l’âge de 7 ans, où ma mère a récupéré ses droits.
Et moi aussi par la même occasion.
[notes à propos de la loi C-31]
En 1985, la Loi sur les Indiens a été modifiée au moyen du projet de loi C-31 afin d’éliminer certaines dispositions discriminatoires et de conformer la loi à la charte canadienne des droits et libertés.
Parmi ces modifications :
• les Indiennes qui épousent un non-Indien ne perdent plus leur statut.
• les Indiennes qui ont perdu leur statut en épousant un non-Indien sont en mesure de demander leur réintégration, tout comme leurs enfants.
[la conversation reprend]
ST Ta mère est issue de quelle nation? De quelle région?
SR Des Anishinaabe, du Lac-Simon. C’est des Algonquins, mais aujourd’hui les gens préfèrent… Ils se sont auto-déclarés Anishinaabe.
ST Et, ils se sont rencontrés comment tes parents?
SR Au parc Lafontaine! Ils se sont rencontrés au parc Lafontaine.
Ma mère était venue étudier la comptabilité à Montréal. Mon père a toujours vécu, depuis sa jeunesse, à Montréal. Mais il est originaire de Saint-Hyacinthe. Mais assez tôt dans sa vie, il a emménagé à Montréal.
C’est comme ça qu’ils se sont rencontrés.