Fred Oberlander et la Milmont
Entrevue de M. Gérald Morel et commentaires historiques : Stéphane Tessier. Réalisation et prise de vue pour la vidéo : Nicolas St-Germain. Entrevue d’archive avec M. Fred Oberlander : collection de la SHAC, Fonds Cité historia (début des années 1990).
Pendant la première partie de cette vidéo, Stéphane Tessier (ST), historien et animateur, nous parle de l’arrivée de la Milmont Fiberboard Company au Sault et de l’impressionnant personnage qu’a été M. Fred Oberlander (FO). En plus d’être l’actionnaire principal de cette compagnie, M. Oberlander a connu une grande carrière comme lutteur olympique et organisateur sportif. Il était de confession juive et a aussi été un participant important aux Maccabiades en Israël. La seconde partie est un extrait d’une entrevue faite par l’équipe de Cité historia à son domicile dans la première moitié des années 1990. Il nous explique la suite d’évènements qui ont mené à son arrivée au Sault-au-Récollet et le rachat de la Back-River Power Co.
ST [à la maison du Pressoir] Dans l’histoire du Site des Moulins, vous avez un personnage qui est très important. C’est vers la fin de l’exploitation du site des Moulins. La compagnie Back River, elle est vendue à un dénommé Fred Oberlander.
Fred Oberlander va acheter et il va créer la compagnie Milmont. « Mil » pour « Milan », car il va emmener avec lui un personnel ingénieur et mécanicien Italien.
Donc « Mil » pour « Milan ». « Mont », pour « Montréal ». La « Milmont ».
Alors, il va améliorer la fabrication du carton qui était fait ici. Ça va être un carton ciré, donc résistant à l’eau.
Fred Oberlander, c’est une des dernières personnes à loger, oui, il logeait sur le site des Moulins, dans l’actuelle Maison du Meunier. À l’époque, on désignait ce bâtiment-là comme étant la « Maison Oberlander ».
Fred Oberlander a aussi un autre passé : c’est celui de lutteur gréco-romain.
C’était un athlète accompli. En Autriche, il a été champion… Et aussi en France et en Angleterre, puis quand il va arriver au Canada aussi.
Malheureusement, il n’a pas pu participer aux Jeux de Berlin en 1936, car il était d’origine juive et de confession juive.
Alors Fred Oberlander a eu une longue période d’inactivité, qui va le mener en 1948 et il va décider de participer aux Jeux olympiques à ce moment-là, malgré qu’il avait un âge assez avancé en tant qu’athlète.
Mais, néanmoins, son fils va reprendre la tradition et il va être lutteur également, gréco-romain.
Et Fred Oberlander va également siéger sur le Comité olympique canadien lors des Jeux olympiques de 1976.
Alors, Fred Oberlander a continué à lutter au Forum, ici et là avec des gens qui venaient de l’étranger, des Américains… d’un peu partout.
On sait qu’il a participé à des jeux qu’on a appelés des « Jeux des Maccabées ». C’étaient des Jeux pour la diaspora juive, sur la grandeur de la planète. C’étaient un peu des jeux sionistes, pour favoriser l’État d’Israël.
Alors, il a participé à plusieurs Jeux en 1950, en 1953. Et d’ailleurs, en 1953, il a été nommé « L’athlète Juif mondial ».
Alors, ça a été un homme qui était d’un gabarit assez impressionnant.
Et on l’appelait « Monsieur ».
FO [Extrait de l’entrevue faite par Cité historia dans les années 1990] En 1948, il y avait les Jeux olympiques. Alors, j’étais déjà trop vieux pour…
Mon année aurait dû être ’36, pas ’48. Mais j’ai voulu participer aux Jeux olympiques. J’ai participé. J’ai fait ce que j’ai pu.
Le jour après les Jeux olympiques, monsieur Brown me téléphone. Du Canada. Il dit « T’as fini maintenant avec les Jeux olympiques? Est-ce qu’on peut parler avec toi? ».
J’ai dit oui.
Il dit « Je veux que tu viennes ici et que tu considères de faire quelque chose de la Back River Power Company. De moderniser les choses et de faire quelque chose. »
J’ai dit « Bon, je viens. Mais avant que je vienne, je veux que toi tu viennes en Europe et que tu regardes qu’est-ce que c’est que ça un moulin à fibres moderne pour que tu saches qu’est-ce qu’il faut faire au Canada. »
Alors je l’ai emmené en Italie. Et j’ai intéressé des clients en Italie. C’était des fournisseurs.
Alors les Italiens ont dit « Si vous faites quelque chose au Canada, nous, on veut y participer. »
Et alors, on a formé une compagnie, Milmont. Qui veut dire « Milano, Mil. Mont, Montréal ». Milmont.
En tous cas, nous avons monté l’affaire. Nous avons changé le Back River Power Company pour le nom de Milmont.
Nous avons eu 500 chevaux d’électricité gratuitement parce que nous avons donné l’eau à la Hydro-Québec. Tout ça, c’était des choses compliquées!
Incroyable!
Petit à petit, on a commencé à fabriquer et on a commencé à fabriquer des produits de fibres. Des contreforts, des talons, des ci, des objets… Au lieu de vendre des produits en feuilles, nous avons fabriqué quelque chose de ça et petit à petit, nous avons eu jusqu’à 300 ouvriers.