La vie sur l’Île de la Visitation
Commentaires historiques et entrevue de M. Claude Brillon : Stéphane Tessier. Participation de Anne-Catherine Morel. Réalisation et prise de vue de la vidéo : Nicolas St-Germain.
Sur rue de l’Île-de-la-Visitation, Stéphane Tessier (ST), historien et animateur, rappelle ses débuts à Cité historia et sa découverte, au fil des rencontres, des descendants des coupeurs de glace de l’île. Nous entendons ensuite un extrait d’une entrevue avec M. Jacques Paquette (JPa) au sujet de ce métier, enregistrée vers 2001. Jean-Louis-Legault, à la droite de l’écran, assiste à leur conversation. Après cette entrevue, c’est M. Claude Brillon (CB), petit-fils d’Eugène Gendron, marchand de glace, qui raconte ses souvenirs d’enfance de la vie dans l’île. La vidéo se termine par sa rencontre avec Mme Anne-Catherine Morel (A-CM), une petite cousine liée à la famille Paquette. Elle nous explique que les maisons de l’île tendent à rester propriété de ses anciens habitants.
ST En 2000, j’ai commencé à travailler au Musée d’histoire du Sault-au-Récollet, qu’on nommait Cité historia. L’année suivante, en 2001, on a travaillé sur un projet de récolter des témoignages des gens qui vivaient dans l’île de la Visitation.
Donc, ça a été une aventure vraiment fascinante!
On a découvert des métiers, comme celui du coupeur de glace, via des rencontres avec des gens comme les familles Paquette, et les Morel et les Gendron.
JPa [vidéo d’archive] Mon père a commencé à vendre de la glace, je crois que c’est en 1938-39. J’étais jeune…
ST Il s’appelait comment? Eugène Gendron?
JPa Mon père? Non, Herménégilde Paquette. Alors, Herménégilde Paquette, il était un jeune homme de l’île, qui a travaillé pour monsieur Gendron. Y a marié la plus vieille des filles, pis y a vendu de la glace pour lui.
Pis un moment donné, il a parti lui-même son commerce.
CB [sur la rue de l’Île-de-la-Visitation] Alors, je suis le petit-fils du marchand de glace qui est Eugène Gendron. Ma mère, Pauline, qui était la 14e de la famille, c’était la sœur de Cécile Paquette-Gendron, qui habitait justement ici pas loin.
Y’avait plein d’activités! On aimait ça, on était content de venir dans l’île quand on était jeune. D’aller voir nos grands-parents on aimait ça, c’est ça qui était le fun.
ST Comme souvenir d’enfance, on jouait dans l’île?
CB Vraiment! Puis, y’en a un qui est très particulier, c’est quand on jouait à la cachette dans la maison des grands-parents. Y’avait quelque chose de spécial, y’avait beaucoup d’appartements. Le foyer aussi.
C’est des images qui me restent imprégnées. Juste à y penser, ça me rappelle tellement des beaux souvenirs, quand on jouait à cachette, toute la petite famille… Mes cousins, cousines, puis mes frères.
Je me rappelle ici c’était festif, c’était le party. Pis c’est ça que j’ai gardé de la famille Gendron, vraiment.
Je viens souvent prendre des marches et je suis vraiment imprégné de cette vie-là.
ST Les gens de l’île, est-ce qu’ils étaient différents des gens qui habitaient dans Ahuntsic? En dehors de l’île?
CB C’était vraiment comme une grosse famille, c’est ça, puis vu que c’est une petite île, on sentait qu’il y avait quelque chose de spécial par rapport à l’île de la Visitation.
C’était vraiment ça que je me rappelle. C’était une grosse famille.
[Claude Brillon rencontre Anne-Catherine Morel] Bonjour, je m’excuse de vous déranger, est-ce que vous êtes parent, est-ce que vous connaissez les gens qui sont à côté?
A-CM Oui, ben les gens qui sont à côté, dans le fond, c’est mon petit-cousin, Philippe Paquette. Avec sa femme et leurs trois petits enfants. Puis aussi la mère de Philippe, qui s’appelle Monique Paquette.
CB Je vais vous dire pourquoi j’ai posé la question, c’est que moi, Cécile, qui était la propriétaire avec Herménégilde, c’est ma tante.
A-CM Ok
CB Ok, alors je fais partie de la famille Gendron. C’est pour ça que je vous ai abordée. Alors, enchanté…
A-CM Donc on est cousins!
CB Ça ressemble à ça! Moi c’est Claude.
A-CM Moi, je suis une Morel, en fait. Ici, c’est la maison de ma grand-mère, qui est Émilienne.
Émilienne Paquette elle a racheté cette maison-là quand elle s’est mariée avec mon grand-père, Richard Morel. Puis, ils ont habité ici toute leur vie, là, jusqu’à la fin de leur vie.
Quand ils ont voulu faire le parc, ils ont fait des offres à tout le monde pour acheter leurs maisons. Puis ils offraient un montant… Je pense que c’était 12 500 $ pour acheter les maisons.
Puis, effectivement, c’est des maisons sur l’île, beaucoup, qui se transmettent de génération en génération.
CB C’est ça que j’ai entendu!
A-CM C’est assez rare qu’on voit une pancarte « À vendre ». Même qu’y’a certaines… En tout cas, moi, ma famille s’est organisée pour que ça reste dans la famille. Donc même moi, je peux pas aller vendre ma maison à n’importe qui.
CB Content de savoir que j’ai une petite-cousine!
A-CM Oui! Lointaine!
ST Quel hasard!
CB Tu crois-tu aux hasards, toi?
(rires)