Gérald Morel – La préservation du site des Moulins
Entrevue de M. Gérald Morel et commentaires historiques : Stéphane Tessier. Réalisation et prise de vue pour la vidéo : Nicolas St-Germain.
Gérald Morel (GM) décrit à Stéphane Tessier (ST) les abords des usines vers 1950 et le va-et-vient des camions sur l’île de la Visitation. Il fait des comparaisons avec le site tel qu’on le connait aujourd’hui. Il explique ce qu’étaient les bâtiments des industries présentes dans sa jeunesse et les espoirs suscités par les consultations publiques des années 1990. Il se remémore le démantèlement des ateliers de fabrication, mais aussi les inquiétudes des résidents de l’île face aux perspectives d’expropriation de leurs maisons. Il évoque les différents paliers de l’usine et la vue sur les plans d’eau ainsi que l’état des turbines et des canaux du barrage. Finalement, il s’attriste du peu d’entretien des vestiges et de la perte de compréhension du site industriel maintenant qu’il est clôturé et qu’on ne peut plus y déambuler. M. Morel souhaite que les sommes promises soient effectivement investies pour sa préservation.
GM Tu t’en vas dans l’île, le premier élément qu’on voit, c’est où il y a aujourd’hui une plantation d’arbres, en rectangle, là.
Et ça, c’était un édifice qui était là, assez grand. Ça servait d’entrepôt. Y’avait des portes qui donnaient sur la rue de l’île de la Visitation. Les camions venaient charger, puis s’en allaient.
Ensuite, on voyait la cheminée, qui est une cheminée en briques rouges. C’était celle qui avait le fameux sifflet qui gérait la vie du village.
Au fond, vers la gauche, où sont les tables à pique-nique aujourd’hui, et plus près de la rivière, c’était, entre guillemets, le « carré à charbon ».
[au début des années 1990] Donc, à ce moment… Comme je te dis, moi je suis en mouvement à cette époque-là. Je suis plus dans le coin. Je passe. Je vois certaines inquiétudes, de dire « la manufacture, elle s’en va… »; « ils vont exproprier tout le monde… »; « ils vont démolir tout le monde… ».
Ce sont les interrogations des villageois de l’île.
ST La démolition des moulins de l’usine, ça se fait par étapes ou ça se fait d’un coup?
GM Moi, je le vois par étapes, parce qu’il fallait sortir les machines.
On n’a pas tout sorti, parce qu’on voit encore des turbines.
ST Oui.
GM Les turbines travaillaient bien, les passes d’eau étaient nettoyées deux fois par année…
La ville de Montréal avait des plans. Y’avait beaucoup de consultations dans la Maison du Meunier, qui avait une grande salle de rencontre. Puis on a expliqué « Voici ce qu’on peut faire. Voici ce qu’on veut faire. Voici ce qu’on va faire. »
Et entre ce qu’on va faire, le point de départ était, à mon goût, super intéressant. Je pense, entre autres, à tout le plancher qui aujourd’hui, où on n’a plus accès. On avait accès pleine grandeur de plancher à l’étage supérieur, et on allait jusqu’à la rivière avec un belvédère pour voir au loin.
Là, on n’y a plus accès parce que c’est plus sécuritaire…
Oui, mais si c’est pas sécuritaire, c’est parce que quelqu’un a oublié d’entretenir.
Moi, ça me rend un peu malheureux, là.
Tsé, on voyait des fissures; mais ça se répare une fissure. C’est du béton.
Moi, je souhaite là qu’on redresse tout le béton qui est à redresser. À mon avis, c’est possible.
On avait déjà promis des sous; mais là ils ont été oubliés, faudrait les ramener. Et, re-permettre l’accès à tous les espaces pour que les gens apprécient la beauté de la place.
Faut redonner le vrai, vrai, vrai, là.
Tsé aujourd’hui, ce site-là, tu passes sur la rue du Pont, tu regardes à travers les clôtures. Alors qu’il était accessible et on s’y promenait à l’intérieur.