Un visiteur inattendu au village de Sault-au-Récollet : Pehr Kalm
Par une journée ensoleillée de septembre en 1749 le naturaliste Suédois Pehr Kalm quitte Montréal en direction nord. Le pays est boisé et accidenté. Le chemin est creusé de profonds sillons qui rendent les déplacements en calèche difficiles.
Arrivé près du Sault-au-Récollet, la forêt cesse et la plaine s’ouvre, avec ses champs et ses prés. Les paysans ont ramené toutes les céréales à la ferme. Au loin, le clocher de la petite église de bois décrépite sonne l’heure de midi.
Le visiteur cogne à la porte du presbytère, mais le curé est absent. Il fait alors la rencontre du meunier Simon Sicard qui lui offre l’hospitalité. Madame Sicard ajoute un couvert pour l’invité venu de loin. Elle pose sur la table le pain frais sorti du four, ainsi que les cuillères et les fourchettes près des assiettes. Chacun sort son couteau de la poche de son pantalon ou de sa jupe et entame le repas « surabondant ». Le pain fait de farine de blé est l’aliment de base dans les campagnes.
Dans la soirée, les habitants du Sault renseignent le visiteur : « Lorsqu’on sème un minot de blé, on en récolte quinze parfois vingt ». Des voisins ont apporté des « citrouilles iroquoises » que les Autochtones vendent au marché de Montréal chaque vendredi. Les tranches cuites sont très sucrées et ont assez bon goût.
Les gens modestes ont tendance à adopter la mode et les coutumes des Autochtones pour les pipes, les chaussures, les ceintures, les canots d’écorce et la façon de s’entortiller un carré d’étoffe autour de la jambe en place de bas.
Le lendemain, monsieur Sicard conduit le Suédois aux moulins. Le voyageur écrira plus tard dans son journal : « Les gens du commun, au Canada, sont plus civilisés et plus ingénieux qu’en n’importe quel autre endroit du monde où je me suis rendu. »