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Un défi de taille : construire une digue de 100 mètres de long

En chemin vers les moulins, la coutume est de soulever son chapeau et saluer tous ceux que l’on croise. « Les gens d’ici sont généralement en très bonne santé », constate Pehr Kalm. On peut entrer n’importe où chez des paysans et s’entretenir avec eux, hommes et femmes. Chaque agriculteur possède un troupeau de moutons et en tire la laine nécessaire à la fabrication de vêtements.

La contrée est assez pierreuse. On ne pouvait mieux réutiliser les roches qu’on enlève, qu’en clôturant les champs de murets de pierres. Kalm, accompagné de monsieur Sicard, arrive sur le bord de la rivière. On y trouve en abondance une roche de calcaire gris : « les rives ne sont guère composées d’autre chose ». Cette roche se présente sous la forme de grandes plaques en couches superposées.

La digue s’étend à cheval entre la rive et l’île de la rivière. Monsieur Sicard s’est servi de l’affleurement du roc dans le chenal pour jeter les assises de l’ouvrage. Le site est idéal pour exploiter la force du courant : on y trouve un petit cours d’eau avec une cascade de quelques pieds de hauteur, assez abondante pour que l’eau ne gèle pas l’hiver et que la roue continue de tourner.

On vient de percer un nouveau canal au centre de la digue pour un second moulin à farine. Le canal fait tourner deux roues hydrauliques installées sur le côté. Harnacher le cours d’eau pour construire une digue coûte cher. Mais les moulins à eau sont plus productifs que ceux à vent, soumis aux caprices du temps. Le meunier explique : « Personne n’a le droit de se construire un moulin pour lui-même sur l’île de Montréal; c’est là un droit réservé au clergé. Je reçois le tiers de ce que je mouds et le clergé reçoit la quatorzième partie. »

Détail d'un plan du secteur entre le fort Lorette et la digue des moulins, probablement dessiné avant 1750. Au haut du dessin, la digue et les premiers moulins. En bas à droite, le fort Lorette est ses bâtiments, dont l’ancienne chapelle de la mission d’évangélisation. Plan du secteur entre le fort Lorette et la digue des moulins entre 1726 et 1749. Les premiers moulins y sont représentés, de même que la vieille chapelle du fort Lorette.

Plan anonyme et non daté du cœur de la paroisse du Sault-au-Récollet, du fort Lorette jusqu’à la digue des moulins, entre 1726 et 1749.

 

Stéphane Tessier nous parle du meunier Simon Sicard
Vidéo avec transcription (FR). Sous-titrage disponible en français et en anglais.