La Maison du Meunier : splendeur et misère du moulin « près de la terre »
En ce 8 janvier 1952, la manufacture de la rue du Pont a de quoi intimider Marie-Rose avec sa haute cheminée qui crache la fumée vers le ciel. La jeune femme entre dans l’atelier. Le bruit des machines empêche l’opérateur de comprendre qu’elle répond à l’annonce parue dans le journal pour un poste de secrétaire bilingue à la Milmont. Le talon de l’une de ses chaussures s’est cassé en chemin.
Guido, l’opérateur, le remplace par un neuf, choisi parmi la centaine de modèles de talons en carton-fibre de l’usine. Il raccompagne Marie-Rose au bureau de la compagnie à l’avant des installations. Entre Marie-Rose et Guido, c’est le coup de foudre. Le vieux bâtiment de pierre et de bois, qu’on appelle aujourd’hui la Maison du Meunier, en a bien vu bien d’autres!
L’édifice à bureaux cache la scène manufacturière austère qui s’étale à l’arrière. Au gré des besoins, le moulin à farine d’origine s’est transformé en moulin à clous, en bureaux et en habitation.
Le meunier Didier Joubert est le premier à y installer sa résidence. Il avait aménagé une « chambre des habitants » qui permettait aux cultivateurs d’attendre que leur farine soit prête. Ceux venus de loin pouvaient parfois y passer la nuit avant de repartir. Le moulin à farine s’étendait au-dessus de la terrasse du bistro actuel. À l’époque du moulin à clous, des ouvriers logeaient dans une section réservée de la maison.
La moitié nord adjacente a été démolie à la fin du 19e siècle. L’immeuble se retrouve isolé des opérations manufacturières. Les compagnies y installent leurs bureaux. Un logement à l’étage apparaît vers 1950. M. Fred Oberlander de la Milmont est le dernier à l’occuper. Le bâtiment, auquel on ajoute un service de restauration pour les visiteurs au rez-de-chaussée, sert de centre d’interprétation du Site des Moulins jusqu’en 2016. La Maison du Meunier s’est toujours montrée accueillante.