Le Sault-au-Récollet : du rural à l’urbain
Au début du XVIIIe siècle, on marche sur des sentiers déjà tracés par les Autochtones pour se déplacer entre la mission et Ville-Marie. La tradition orale a d’ailleurs longtemps désigné un bout de chemin bordant le cimetière du Sault de Chemin des Sauvages. En 2020, la ville de Montréal désigne officiellement le sentier Tetewaianón:ni Iakoiánaka’weh, soit le sentier des Messagers en langue mohawk.
Aux premiers temps de la paroisse, des voies de circulation sont créées : la côte Saint-Michel (Crémazie), la montée Saint-Michel (boulevard Saint-Michel) et le chemin du bord de l’eau (boulevard Gouin). Le peuplement se fait vers l’est en premier. Lorsque plus de terres sont défrichées à l’ouest, une seconde montée apparait : le chemin du Sault-au-Récollet (Lajeunesse). Jusqu’au XXe siècle, les déplacements se font sur ces chemins. Des commerces et des services apparaissent sur Gouin dans le village : un maréchal-ferrant, un boulanger, un boucher, un marchand général, un quincailler, un médecin, un notaire, un bureau de poste.
Le pont Viau enjambe la rivière des Prairies en 1848. Dès 1853, les Jésuites construisent un noviciat à l’ouest du village. Il sera suivi par le couvent des Dames du Sacré-Cœur. Des hameaux se forment autour de quelques auberges aux croisements des routes principales : Saint-Michel, Ahuntsic, Bougie’s Corner (Youville).
Les grands actionnaires de la Montreal Park & Island Railway Co. et des notables font le voyage inaugural du tramway vers la gare près de l’Hôtel Péloquin le 28 décembre 1893. Le service régulier commence en 1894 et s’étend, en 1895, au village du Sault-au-Récollet. Le morcellement du territoire de la paroisse commencé avec la fondation du village de Saint-Léonard-de-Port-Maurice en 1886 s’accélère dès lors. D’autres villages se détachent du Sault : Villeray, Ahuntsic, Saint-Joseph-de-Bordeaux, Saint-Michel-de-Laval puis Montréal-Nord.

Sur ce détail d’un plan topographique du début des années 1940, les noyaux villageois de Bordeaux, Ahuntsic, Youville, Saint-Michel et du Sault-au-Récollet demeurent relativement distincts. 15 ans plus tard, ils seront amalgamés au sein de l’ensemble montréalais.
Stéphane Tessier nous présente les routes les plus anciennes du Sault – Vidéo avec transcription (FR). Sous-titrage disponible en français et en anglais.

Le tramway 24 Millen – Sault quittant l’arrêt de l’avenue Papineau en direction de la gare Ahuntsic entre 1953 et 1959. Le tramway était présent au Sault-au-Récollet depuis 1895.
Le tramway dessert le Sault jusqu’en 1959 (ligne 24 Millen-Sault). De 1893 à cette date, le territoire se transforme en quartier résidentiel de la ville de Montréal.