Le New Penelope rejoint sa communauté
À une époque bien antérieure aux médias sociaux ou à l’internet, Gary Eisenkraft réussit à trouver de nombreux moyens de communiquer avec la communauté d’étudiants et d’amateurs de musique qui fréquentaient ses différents café-bars. Il publiait régulièrement des annonces dans les journaux grand public ainsi que dans les journaux étudiants.
Des magazines alternatifs tels que Logos, Take One et Pop-See-Cul étaient vendus au New Penelope. L’éditeur de Take One Peter Lebensold, nous explique comment il en est venu à y vendre son magazine :
Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Partager un même public ».
… la raison pour laquelle j’ai su ce qu’était le New Penelope, c’est que je les ai incités à vendre des exemplaires du magazine, de Take One. (…) Tous les endroits où étaient susceptibles de se rassembler les jeunes constituaient des endroits où nous pensions que le magazine pourrait se vendre.
– Peter Lebensold (entretien avec ARCMTL, 2021)
Même les journaux francophones mentionnaient Gary et publiaient des articles sur les nombreux artistes légendaires qu’il faisait venir à Montréal.
Le magazine Logos était très populaire à cause de ses reportages sur la contre-culture locale, la musique, l’art et les mouvements politiques radicaux. En mai 1968, le magazine publie un article satirique sur le maire de Montréal, Jean Drapeau, apparemment abattu par un « hippie frénétique intoxiqué ». Cela vaudra à Logos d’être poursuivi en justice. Le New Penelope organisera alors une soirée de levée de fonds pour financer leurs frais de justice, et le magazine Logos obtiendra gain de cause.
Au cours de l’hiver et du printemps 1968, Gary envoie une série de bulletins d’information pour promouvoir les concerts à venir. Il ne lui en coûtait qu’un timbre de trois sous pour les envoyer par la poste à chacun de ses abonnés.
Des abonnements au New Penelope étaient également vendus pour seulement 30 dollars, ce qui permettait d’assister gratuitement à tous les concerts pendant un an. Pierre Huet, auteur-compositeur du groupe montréalais Beau Dommage dans les années 1970, raconte ses motivations pour devenir membre :
Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Pierre Huet et son abonnement ».
Les concerts étaient également annoncés par l’intermédiaire d’affiches et de prospectus que l’on trouvait chez les disquaires, dans les boutiques et dans les rues avoisinant le New Penelope. L’ère psychédélique arrive en 1967, introduisant un nouveau langage visuel et une mode colorée dans la culture des jeunes. Gary commence à produire des affiches hautes en couleurs, sérigraphiées à la main, réalisées par des artistes locaux tels que Peter V. Adams. Il en fait même concevoir et imprimer certaines aux États-Unis par des imprimeries renommées.
Les affiches du New Penelope attirent tous les regards ! Illustrations entrelacées, motifs kaléidoscopiques, couleurs vives, typographie ornée et représentations féminines sensuelles. Cette tendance graphique avait été popularisée par la scène musicale de San Francisco au milieu des années 1960 avant d’étendre son influence aux quatre coins du monde.
Certaines de ces affiches imprimées à la main étaient suffisamment belles pour être conservées par les spectateurs pendant de longues années, et peuvent même être aujourd’hui considérées comme d’importantes œuvres d’art imprimées.