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Le New Penelope rejoint sa communauté

À une époque bien antérieure aux médias sociaux ou à l’internet, Gary Eisenkraft réussit à trouver de nombreux moyens de communiquer avec la communauté d’étudiants et d’amateurs de musique qui fréquentaient ses différents café-bars. Il publiait régulièrement des annonces dans les journaux grand public ainsi que dans les journaux étudiants.

Des magazines alternatifs tels que Logos, Take One et Pop-See-Cul étaient vendus au New Penelope. L’éditeur de Take One Peter Lebensold, nous explique comment il en est venu à y vendre son magazine :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Partager un même public ».

Couverture du numéro 7 du magazine de cinéma Take One, avec le titre du magazine et un visuel en noir et blanc représentant une bobine de film avec un couple romantique vu de profil, sur fond rose et jaune

Couverture d’un numéro de la revue Take One, 1967

 

… la raison pour laquelle j’ai su ce qu’était le New Penelope, c’est que je les ai incités à vendre des exemplaires du magazine, de Take One. (…) Tous les endroits où étaient susceptibles de se rassembler les jeunes constituaient des endroits où nous pensions que le magazine pourrait se vendre.

– Peter Lebensold (entretien avec ARCMTL, 2021)

Même les journaux francophones mentionnaient Gary et publiaient des articles sur les nombreux artistes légendaires qu’il faisait venir à Montréal.

Première page du magazine Logos présentant une satire du journal The Gazette avec un titre s'exclamant en caractères gras : Le maire abattu par un hippie drogué

Parodie du journal The Gazette publié dans la revue Logos, 1968

Le magazine Logos était très populaire à cause de ses reportages sur la contre-culture locale, la musique, l’art et les mouvements politiques radicaux. En mai 1968, le magazine publie un article satirique sur le maire de Montréal, Jean Drapeau, apparemment abattu par un « hippie frénétique intoxiqué ». Cela vaudra à Logos d’être poursuivi en justice. Le New Penelope organisera alors une soirée de levée de fonds pour financer leurs frais de justice, et le magazine Logos obtiendra gain de cause.

Au cours de l’hiver et du printemps 1968, Gary envoie une série de bulletins d’information pour promouvoir les concerts à venir. Il ne lui en coûtait qu’un timbre de trois sous pour les envoyer par la poste à chacun de ses abonnés.

Une image qui montre les deux côtés d'une feuille recto-verso avec des publicités en noir et blanc pour des concerts des Fugs et du Linn County Blues Band au New Penelope d'un côté, et une feuille vierge avec une étiquette d'envoi, une adresse de retour et un marquage d'affranchissement à l'encre rouge de l'autre côté

Bulletin d’information du New Penelope, envoyé à Erik Slutsky, 1968

Feuille de format légal en noir et blanc avec un texte manuscrit promouvant des concerts au New Penelope, ainsi que des images de Tim Rose et du James Cotton Blues Band

Bulletin d’information du New Penelope, 1968

 

 

 

 

 

 

Des abonnements au New Penelope étaient également vendus pour seulement 30 dollars, ce qui permettait d’assister gratuitement à tous les concerts pendant un an. Pierre Huet, auteur-compositeur du groupe montréalais Beau Dommage dans les années 1970, raconte ses motivations pour devenir membre :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Pierre Huet et son abonnement ».

Affiche colorée annonçant des concerts au New Penelope dans un style très psychédélique, avec une image stylisée d'une jeune femme portant des fleurs dans ses très longs cheveux blonds et des lunettes de soleil sur un fond noir et rouge ondulé.

Affiche annonçant la programmation du New Penelope à l’automne 1967

Les concerts étaient également annoncés par l’intermédiaire d’affiches et de prospectus que l’on trouvait chez les disquaires, dans les boutiques et dans les rues avoisinant le New Penelope. L’ère psychédélique arrive en 1967, introduisant un nouveau langage visuel et une mode colorée dans la culture des jeunes. Gary commence à produire des affiches hautes en couleurs, sérigraphiées à la main, réalisées par des artistes locaux tels que Peter V. Adams. Il en fait même concevoir et imprimer certaines aux États-Unis par des imprimeries renommées.

Les affiches du New Penelope attirent tous les regards ! Illustrations entrelacées, motifs kaléidoscopiques, couleurs vives, typographie ornée et représentations féminines sensuelles. Cette tendance graphique avait été popularisée par la scène musicale de San Francisco au milieu des années 1960 avant d’étendre son influence aux quatre coins du monde.

Certaines de ces affiches imprimées à la main étaient suffisamment belles pour être conservées par les spectateurs pendant de longues années, et peuvent même être aujourd’hui considérées comme d’importantes œuvres d’art imprimées.

Image d'une affiche orange vif annonçant des concerts au New Penelope. Le texte est rendu dans un style psychédélique et sa typographie ondule sur l'affiche au-dessus d'une petite illustration en camaïeu de la déesse grecque Pénélope

Affiche annonçant la programmation du New Penelope en hiver 1967