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Apogée et déclin

De la fin de l’Expo 67 en octobre 1967 au printemps 1968, le New Penelope accueille une impressionnante programmation de groupes musicaux différents chaque semaine. Jesse Winchester, The James Cotton Blues Band, Muddy Waters, The Fugs, Ian and Sylvia, Peanut Butter Conspiracy et Linn County en faisaient partie. L’horaire s’étire pour inclure des sessions de jazz le week-end, qui se prolongent jusqu’aux petites heures du matin. Malheureusement, le club commence à connaître des difficultés financières dont plusieurs journaux commencent à parler.

Nous nous efforçons de présenter à Montréal les meilleurs artistes et groupes de musique contemporaine populaire mais nous ne recevons pas du public l’appui qu’il faudrait. On dirait que les gens de Montréal sont rébarbatifs à tout ce qui est nouveau. C’est le temps plus que jamais pour les gens de montrer s’ils veulent une chose comme le New Penelope. S’ils la veulent, qu’ils le montrent, sinon nous devrons fermer boutique.

La Presse, v. 84, no 196, 22 août 1968

Coupure de presse verticale avec le titre Pour sauver le New Penelope.

La Presse, 22 août 1968

Publicité en noir et blanc dans un journal pour un concert au McGill Union Ballroom.

McGill Daily, 17 oct. 1968

Coupure de presse en noir et blanc montrant un article intitulé

The Gazette, 9 nov. 1968

 

 

 

 

Pour les proches de Gary, cependant, ces difficultés n’étaient pas une surprise. Tous s’accordent à dire qu’il a toujours fait passer sa passion pour la musique avant la gestion financière.

Le New Penelope de Gary Eisenkraft, situé sur la rue Sherbrooke près de Bleury, est actuellement en grande difficulté financière et c’est bien dommage car c’est le seul endroit en ville pour les amateurs de rock, de blues et de folk.

McGill Free Press, 19 septembre 1968

Société de protection du New Penelope

Lettre dactylographiée signée par Gary Eisenkraft.

Lettres aux membres du New Penelope, 22 août 1968

En juin 1968, des gens d’affaires et de sympathisants forment la Société de protection du New Penelope (SPNP). Il s’agissait d’un comité de collecte de fonds déterminé à garder le New Penelope la tête hors de l’eau et à éponger ses dettes. Tout le monde se joint à la lutte ! Une campagne publique d’adhésion est lancée et diffusée sur les ondes de la radio CFOX pendant trois semaines. Pendant ce temps, les journaux universitaires encouragent le public à fréquenter plus souvent le New Penelope.

Un talon de billet en noir et blanc imprimé sur du papier jaune, partiellement déchiré.

Talon de billet pour le concert-bénéfice Big Blues à la salle de bal du Student Union de McGill, le 24 octobre 1968

 

Publicité en noir et blanc dans un journal annonçant un concert-bénéfice pour The New Penelope au Centre étudiant de McGill.

Annonce pour le concert-bénéfice Light Show à la salle de bal du Student Union de McGill, le 15 septembre 1968

À l’automne 1968, la SPNP organise trois concerts-bénéfices présentés au McGill Student Union Ballroom – la salle de bal de l’Association des étudiants de McGill –, mettant en vedette des groupes aussi populaires que John Mayall and The Bluesbreakers du Royaume-Uni et Sonny Terry et Brownie McGhee des États-Unis.

Malgré ces efforts collectifs, ils ne réussissent pas à récolter la somme d’argent visée. Le New Penelope doit fermer ses portes, après deux courtes années d’activité sur la rue Sherbrooke. Sonny Terry et Brownie McGhee clôturent officiellement l’aventure du New Penelope le 26 octobre. Pierre Huet, grand fan du New Penelope, raconte la fin inattendue de cette soirée mythique :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Le dernier spectacle raconté par Pierre Huet ».

Après avoir fermé à clé la porte du New Penelope à la fin de cette dernière soirée, fin 1968, il [Gary] s’est retourné pour trouver le grand bluesman Paul Butterfield qui l’attendait pour le raccompagner chez lui.

– « Gary Eisenkraft », un hommage écrit peu après sa mort par Harriet Eisenkraft, sa sœur, dans The Globe and Mail, 3 mars 2005

C’est ainsi que s’achève le premier chapitre de la carrière de Gary, en tant que promoteur musical et entrepreneur. Il est possible que les genres musicaux qu’il a présentés – folk, blues, rock d’avant-garde – n’aient pas suscité suffisamment d’intérêt. Le public n’était pas toujours assez nombreux pour couvrir les dépenses du New Penelope. Un permis de vente d’alcool aurait sans doute beaucoup aidé les finances de ses clubs.

Richard King, un ami d’enfance et employé de Gary, se souvient de la passion inaltérable de Gary pour la musique au fil des ans, malgré les défis :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Richard King médite sur la carrière de Gary ».

Un article d'une page et demie du magazine The Montrealer, portant sur la fermeture du New Penelope et comportant une image sombre en noir et blanc d'un Gary Eisenkraft à l'air réfléchi, fumant une cigarette.

Article en hommage au New Penelope, publié dans la revue The Montrealer, décembre 1968

 

La fermeture du New Penelope a été accueillie avec tristesse par les médias locaux, le magazine The Montrealer déclarant que « Montréal s’appauvrira par sa disparition ». Cependant, même si les clubs de Gary n’ont été ouverts que de courtes années, l’empreinte qu’ils ont laissée est évidente si l’on en croit les souvenirs que tant de gens ont encore à partager à leur sujet des décennies plus tard. Après tout, le New Penelope a fait partie de la révolution culturelle et artistique des années 1960. Inspirée par leurs expériences dans des lieux tels que le New Penelope, toute une nouvelle génération de jeunes Canadiens a émergé, contribuant à faire de la culture canadienne moderne ce qu’elle est aujourd’hui.