La police s’invite au love-in
Date : 8 mai 1967
Crédit : journal Montreal Star
Cet article est une revue de l’événement mentionné par plusieurs personnes interviewées sur la page d’histoire associée : le love-in sur le mont Royal du 7 mai 1967. Voici la transcription complète de cet article.
Transcription :
Le Montreal Star
Le lundi 8 mai 1967
(Image 1 légende) Une femme déconcertée parle à la police. Une mère fait partie des personnes arrêtées.
(Légende de l’image 2) Un policier à cheval s’approche avec fougue d’un groupe de participants au « human be-in » au Fletcher’s Field hier.
Les jeunes font un « be-in »
17 arrestations dans une mêlée urbaine
Ce qui a commencé comme un « happening » de jeunes sur le versant est – Fletcher’s Field – du Mont-Royal s’est terminé par l’arrestation de 16 jeunes et d’une femme d’âge moyen qui chaperonnait sa fille.
Plusieurs échauffourées ont éclaté lorsque la police a tenté de disperser le rassemblement et une personne a été légèrement blessée dans la mêlée.
Les personnes arrêtées ont été accusées d’avoir refusé de se déplacer et d’avoir résisté à l’arrestation. Quant à la mère arrêtée avec les jeunes, elle a été accusée d’avoir agressé un agent de police.
Au son des guitares, de l’odeur de l’encens, de la musique et des chants, quelque 250 jeunes ont copié un gigantesque « human be-in » qui s’est tenu récemment à Central Park, à New York.
Les hippies se joignent à la fête
La foule s’est agrandie au fur et à mesure que des « hippies » vêtus de toutes sortes d’accoutrements se joignaient aux festivités. Certains portaient des costumes excentriques, comme une robe chinoise ou une coiffe arabe.
Mais la plupart portaient l’uniforme beatnik standard : jeans, pull sombre et cheveux longs. Beaucoup de garçons plus âgés portaient la barbe. Plusieurs portaient des macarons avec des slogans tels que « Si ça bouge, caresse-le », « Envoyez Joe Pyne à l’université » et « Brûlez de l’herbe, pas des bébés ». L’odeur lourde de l’encens produit par des centaines de bâtonnets enflammés plane sur le rassemblement.
Les chants sont accompagnés par le battement d’un tambour tibétain, de cymbales miniatures originaires d’Inde et d’autres instruments.
C’est alors que la police, dont les effectifs ont été portés à une cinquantaine de personnes par des renforts, a fait son premier pas.
Assis au pied du monument Georges Etienne Cartier, situé à proximité, un jeune barbu jouait de la guitare. Au-dessus de lui, dans les bras d’une statue de mère et d’enfants faisant partie du monument, se trouvait une énorme pancarte « love ». La police a enlevé la pancarte et arrêté le guitariste.
Avertissement de la police
La police a donné aux participants 15 minutes pour partir, expliquant que les manifestations n’étaient pas autorisées à Montréal.
« Il s’agit d’un rassemblement illégal visant à troubler la paix. Nous n’en voulons pas, surtout pendant la période de l’Expo », leur a-t-on dit. « Tant que vous vous déplacez, nous n’avons pas d’objection ».
Lorsque le rassemblement apprend qu’il doit « rester en mouvement », il forme des congas et des cercles et commence à danser dans le parc.
Les policiers à cheval ont chargé les étudiants, en renversant plusieurs et en dispersant les autres. Ils ont été suivis par des policiers à pied, qui ont forcé les jeunes à se disperser en petits groupes et à quitter le parc.
Un jeune, saisi par le cou et entraîné par un policier, est tombé à terre, haletant : « ils m’ont étouffé ». Alors que les policiers le traînaient, il a demandé plaintivement : « Pourquoi ? Nous sommes venus ici pour vous aimer et vous faites quelque chose comme ça ».