Alan Brown au sujet d’avoir des cheveux longs et de jouer de la musique dans un love-in
Image : J. C. Lewis, membre du groupe The Sidetrack, sur la scène du concert love-in au mont Royal, le 3 septembre 1967. Capture d’écran de vidéo. Collection ARCMTL
Crédit : Collection ARCMTL. Entrevue réalisée à Montréal le 25 mars 2021 avec Alan Brown par Louis Rastelli, directeur d’ARCMTL.
Durée : 2:28 min
Dans cet extrait d’entrevue, Alan Brown, ancien membre du groupe populaire The Sidetrack, se souvient du danger d’avoir les cheveux longs à Montréal dans les années 1960 et de l’épisode violent survenu lors du premier love-in sur le mont Royal.
Transcription:
Louis Rastelli : Il y a quelques années, nous avons trouvé une bobine de film, une bobine de film muet où on vous voit jouez sur le mont Royal pendant une sorte de love-in ou quelque chose comme ça.
Alan Brown : Je m’en souviens !
Louis Rastelli : Il est écrit : « C- Fox présente un Love-out » ! Ce n’était pas un love-in, mais c’était, vous savez, un festival de l’amour.
Alan Brown : Oui, oui, je me souviens d’avoir joué là-bas.
Louis Rastelli : L’histoire amusante, c’est qu’il semble qu’il y ait eu de vrais love-ins ou des fêtes hippies sur le mont Royal qui ont été interrompus cet été-là. Quelqu’un se souvient de la police à cheval–
Alan Brown : Ils appelaient ça les Tam Tam et ça a duré des années et des années.
Louis Rastelli : Eh bien, les Tam Tam continuent aujourd’hui, mais on dirait que…
Alan Brown : C’était le début, dans mon esprit en tout cas.
Louis Rastelli : Vous souvenez-vous d’un événement de ce genre que les flics ont interrompu ?
Alan Brown : Oui, je m’en souviens. Après le premier été, je suis retourné à McGill et j’ai été approché par un certain Michael Malice, un médecin qui avait décidé de ne pas être médecin et de devenir poète, et Leonard Cohen mettait ses poèmes en musique, et Michael Malice voulait que je lui apprenne à jouer de la guitare, ce qui était une sorte de cause perdue. Il m’a raconté que la police avait débarqué… qu’elle avait décidé de mettre fin à ces réunions sur le mont Royal, qu’elle était montée à cheval et qu’elle frappait les gens avec ses matraques, qu’elle les frappait sur les reins et d’autres choses du même genre, ce qui l’a indigné en tant que médecin, vous savez, qu’ils puissent faire ça aux gens.
Mais oui, il faut comprendre que c’était… si vous vous promeniez dans la rue à Montréal avec des cheveux qui n’étaient pas coiffés au peigne, qui touchaient peut-être vos oreilles ou qui passaient par-dessus votre col, on vous regardait comme une sorte de monstre effrayant. Et, vous savez, vous étiez en danger face à la police. Vous étiez en danger à cause des gens qui s’offensaient. J’ai été attaqué plusieurs fois dans la rue. C’était assez effrayant.
Nous sommes allés à New York en 1967, et je suis revenue à Montréal, peut-être un an plus tard, pour une visite, et à ce moment-là, tout avait changé ! C’était le style, tout le monde avait les cheveux longs, c’était parfait (rires). Mais nous aimions New York, parce que lorsque vous alliez à New York, personne ne vous regardait, vous savez ? À New York, les gens étaient tellement paranoïaques à l’époque qu’ils ne regardaient pas les gens dans la rue et n’étaient donc pas harcelés.