La scène de la rue Stanley
Date : 15 septembre 1965
Crédit : The Georgian, vol. 29, no 2
Voici un article sur la scène de la rue Stanley à Montréal, telle qu’elle était lorsque Gary en a fait partie en ouvrant sa série de cafés.
Transcription :
La scène de la rue Stanley
Il arrive qu’une université d’une grande ville soit le centre d’une effervescence sociale et culturelle. C’est le cas de Berkeley, à San Francisco, et de N.Y.U., à New York, dont la réputation n’est plus à faire à Greenwich Village. Sir George, avec ses installations dispersées, situées parmi les lieux nocturnes les plus animés du centre-ville de Montréal, est un centre similaire. La rue Stanley, qui a été pendant de nombreuses années la Mecque des beats et des hippies canadiens, a subi des changements radicaux.
Autrefois parsemée de cafés peu éclairés et de bâtiments délabrés, Stanley est aujourd’hui un terrain vague de stationnements et de chantiers de construction. Des restaurants européens autrefois nombreux, il ne reste aujourd’hui que le Carmen et le Pam Pam. L’atmosphère bohème s’accompagne de développements culturels qui sont si souvent négligés ou considérés comme avant-gardistes et « beatniks ». Pendant un certain temps, il y eut une entreprise commune de musiciens et de peintres appelée simplement « The Place », où Jeremy Taylor jouait de la batterie lors des sessions de jazz nocturnes.
Bob Silverman ouvre une arrière-salle dans sa librairie Seven Steps où ont lieu des projections et des lectures de poèmes par Irving Layton. Morris Fineberg ouvre les « marches » du Potpourri, alors présenté comme « le seul café-librairie du Canada ». En plus d’une vaste sélection de livres de poche, Morris proposait dans l’arrière-salle quelques-uns des meilleurs chanteurs folkloriques du moment. Le révérend Gary Davis, Dave Van Ronk, Judy Collins et Bob Dylan ont tous fait leurs débuts montréalais au Potpourri, tandis que les œuvres de jeunes artistes comme Gale Wenny et Nina Raginski étaient exposées dans la librairie. De nombreux anciens de la rue Stanley ont fait de brillantes carrières dans le cinéma, la musique et les arts littéraires. D’autres ont coupé leurs cheveux et troqué leurs jeans et sweatshirts pour des costumes d’affaires. Peu de gens de la rue Stanley sont restés. Gary Barker, un étudiant de McGill, était propriétaire de l’Enfer, un club de jazz aujourd’hui disparu où l’ancien Géorgien Herbie Spencer jouait de la trompette.
La rue Stanley s’est en quelque sorte déplacée vers l’ouest jusqu’à Mountain et Bishop. Le Bistro est désormais le lieu de consommation le plus populaire, tandis que la musique folklorique peut être entendue au Penelope sur Bishop. La musique folk est un mal pour les propriétaires de clubs, avec la disparition du Finjan, du Potpourri, de la Cinquième Dimension et du Cinquième Amendement, mais Gary Eisenkraft, lui-même musicien folklorique, peut s’attendre à proposer des divertissements locaux et américains intéressants. Le jazz dans les cafés pour les nuits blanches est désormais au menu du Black Bottom sur Saint-Antoine. Ici, Jeremy Taylor du « Blue » accompagne Buddy Jones, un organiste très original. La myriade d’entreprises créatives dans la région de Sir George peut être considérée comme un retour d’information bienvenu pour les étudiants qui veulent une éducation vraiment libérale. Les étudiants de Sir George ont également toute latitude pour contribuer à cette activité.
Gary BROWN