Le réalisateur Larry Kent parle du côté obscur du mouvement hippie et de la censure
Image : Publicité pour la projection du film High à Montréal, 1968. Journal étudiant The Georgian, vol. 32, no 19, 15 novembre 1968
Transcription : 3e semaine / « Poignant plutôt que passionné… Searching rather than fulfilling » – Toronto Star / HIGH / Par Larry Kent / Prix spécial pour les étudiants de 11h00 à 17h30 du lundi au vendredi / 18 ans / pour les adultes seulement / Guy / Guy et Maisonneuve / Tel 931-2912
Crédit : Collection ARCMTL. Entretien réalisé à Montréal le 27 mai 2021 avec Larry Kent par Louis Rastelli, directeur d’ARCMTL.
Durée : 3:54 min
Dans cet entretien réalisé en mai 2021, Louis Rastelli, directeur d’ARCMTL, et le cinéaste Larry Kent discutent des principaux thèmes abordés par le film High (1967) et du contexte de sa censure.
Avertissement : Cet entretien contient du contenu explicite, notamment des références à la sexualité, aux drogues et à la violence.
Transcription :
Larry Kent : Le seul film qui ait été censuré au Québec pour, euh, un festival du film a été High. Pour le Festival du film de ’67, vous savez, le gros…
Louis Rastelli : Pourquoi votre film a eu ce traitement, tandis que d’autres non ?
Larry Kent : À cause de son amoralité je pense.
Louis Rastelli : Ouais. Il lui fallait une fin heureuse, sinon ce genre de chose ne passait pas.
Larry Kent : Ouais. Euh, non, je pense que c’était à cause du sexe, des drogue et du rock and roll. C’est pour ça. Je veux dire, ce n’était pas, ce n’était pas juste du sexe, c’était du sexe, des drogues et du rock and roll, vous savez.
N’oubliez pas, c’est juste avant, je veux dire, les meurtres de Manson. Alors, je, ce film a été fait en ’67, donc c’est juste avant Manson, et d’une certaine manière, une prédiction. S’il a pu faire faire tout cela à ces filles, c’est parce qu’elles ont adhéré à toute cette culture.
Charles Manson disait, vous savez, je suis un hippie ! Il a fallu un criminel à vie, vous savez, Manson, pour le faire. Et je pense que la chose très positive était, vous savez, que c’était une liberté par rapport à la période des années 50 de moralité stricte, vous savez, religieuse, moralité presque religieuse.
On les en a libéré. Il y a toujours un yin et un yang, d’accord ? L’abus de drogues et l’abus de liberté. Je suppose que rien… Il faut payer pour ce que l’on reçoit, n’est-ce pas ?
En fait, si vous regardez bien, le résultat final a été les meurtres de Manson et l’affaire Manson. Il s’agit de la ré… la réaction au puritanisme.
Et ça a basculé si loin vers l’anarchie, vous savez ? L’idée de rompre avec le puritanisme était juste et correcte. Mais ce qui arrive souvent, je veux dire, ce qui arrive tout le temps, c’est qu’il y a un basculement et quand nous, nous allons jusqu’au bout de ce que nous voulons. La condition humaine est de se rendre aux extrêmes.
Louis Rastelli : Diriez-vous que ce que vous avez vu, dans une certaine mesure, dans les années ’66 et ’67, était une sorte de basculement vers l’extrême ?
Larry Kent : Je, ce que j’ai dit à ce sujet, je, j’ai vraiment, ce que ça a donné, j’ai eu une sorte de prémonition que, je veux dire, ce type, vous savez (inaudible) il se débrouillait très bien, il vivait une, une bonne vie. Et je n’en parle pas dans le sens moral. Je veux dire que le simple fait de se promener et (inaudible) était génial. Mais il a rencontré quelqu’un qui est allé encore plus loin que lui. La question est de savoir jusqu’où on peut aller, et elle, à la fin du film, elle est allée jusqu’au bout, jusqu’au bout, et elle prend plaisir à tuer le type. C’est ce que nous avons vu dans les meurtres de Manson, vous savez ? C’est, c’est la fille qui l’a fait ! Et bien sûr, le courant hippie s’éteint avec les meurtres de Manson.