Le Fifth Dimension devient le Fifth Amendment
Date : 3 novembre 1964
Crédit : journal The Georgian, vol. 28, no 7
Cet article a été publié dans le journal étudiant The Georgian en 1964. Il rapporte une conversation avec Gary Eisenkraft qui parle de l’ouverture de son nouveau club : Le Fifth Amendment (en français : le Cinquième amendement).
Transcription :
Dimension modifiée
La semaine dernière, sur le toit de l’hôtel Reine Elizabeth, Gary Eisenkraft, chanteur de blues local devenu capitaliste, a accordé une interview exclusive à la section « Features » du Georgian.
Il semble que les folkmaniacs montréalais, les amateurs de blues et les ennemis jurés du Kingston Trio aient à nouveau une Mecque. La Fifth Dimension (vous vous souvenez ? rue Bleury, près de Mayor) n’est plus mais elle se métamorphosera, dans une dizaine de jours, en Fifth Amendment, un nouveau club au même endroit.
Le révérend Gary Davis, le grand chanteur de blues-gospel, sera la tête d’affiche de l’ouverture de l’Amendment et (dit Eisencraft en allumant une Virginie droite et en chantant trois ou quatre hymnes bouddhistes) toutes les têtes d’affiche suivantes seront du même calibre – des gens comme Dave Van Ronk, Bonnie Dobson, Brownie McGhee, Sonny Terry et (Eisenkraft fait une pause, regardant vers le sud en équilibre sur une corniche) Mississippi John Hirt apparaîtront.
Ce n’est pas tout. Le Fifth Amendment proposera des sessions de jazz en fin de soirée, des lectures de poésie et de prose par des écrivains de renom et des concerts de musique classique. Il s’agit certainement d’un changement de format par rapport à un club de musique folklorique ordinaire.
Eisenkraft commence à arpenter le toit, en tirant une bouffée sur son calumet de la paix iroquois, qu’il vient d’acquérir. Soudain, il se retourne. « Le café, s’écria-t-il, sera le meilleur. Partout. »
« Pourquoi ? » avons-nous demandé.
« Parce que c’est ma mère qui le fera. »
« Et les prix d’entrée et du menu ? »
« Pas cher », a-t-il crié avec colère, s’adressant à la ville et peut-être à l’univers tout entier.
« Il y aura aussi des Hootenannies, dites-leur qu’ils peuvent apporter leurs guitares quand nous annoncerons les soirées Hootenanny. »
Vous pouvez apporter vos guitares pour les nuits Hootenanny. Et d’après ce que l’on voit, vous pourrez le faire pendant un bon moment. Il s’agira probablement d’une Cinquième qui ne nécessitera aucun plaidoyer.