Des légendes du blues au New Penelope
La musique blues a exercé une influence considérable sur de nombreux groupes qui ont joué au New Penelope. Des groupes comme le Linn County Blues Band ont intégré des éléments de la musique blues dans un nouveau style de musique rock, populaire auprès des jeunes.
Écoutez le Linn County Blues Band, enregistré en direct au New Penelope par Ivan Gardos en 1968 :
Écoutez l’extrait audio avec la description : « Linn County en direct au New Penelope! »
Alors que des boîtes de nuit comme le Rockhead’s Paradise et l’Esquire faisaient venir des légendes du jazz et du blues à Montréal depuis des décennies, la politique d’âge mise en place par Gary, permettant au public de tous âges d’entrer au New Penelope, signifiait que de nombreux jeunes Montréalais pouvaient désormais à leur tour avoir accès à de la musique blues authentique.
Pour l’artiste montréalaise Susan Shulman, sa longue histoire d’amour avec la musique blues a commencé en assistant aux concerts de Gary lorsqu’elle était adolescente :
Au New Penelope, je dois dire, ce qui m’a le plus marquée, c’est Muddy Waters. Je l’ai vu, ainsi que Sonny Terry, Paul Butterfield, tous ces gens. Mais je n’avais jamais entendu de blues jusqu’à ce que je le voie, Got my Mojo Workin, et cela a été, encore aujourd’hui, le grand moment « ah ha ! » de ma vie. Je n’avais jamais rien entendu de tel. Je me suis dit : « Qu’est-ce que c’est que cela? »
– Susan Shulman (entretien avec ARCMTL, 17 juin 2015)
De jeunes groupes de jazz novateurs, tels que Duke Edwards et The Young Ones, The Sonny Greenwich Quartet et Brian Barley Trio, jouaient également au New Penelope. La plupart d’entre eux continuaient à se produire dans les clubs de jazz de la ville, comme The Black Bottom, mais c’est au New Penelope qu’ils rejoignaient les étudiants ouverts d’esprit, commençant tout juste à s’intéresser à ces styles musicaux.
James Cotton et Junior Wells font partie des bluesmen de Chicago qui ont joué au New Penelope plus d’une fois, dont parfois lors des quarts de travail de la jeune Suzanne McCarrey.
Junior Wells m’a demandé de l’épouser. Pouvez-vous le croire ? « Je t’offrirai des diamants. Si tu m’épouses, je t’offrirai des diamants et tu n’auras plus jamais à travailler. » Vous savez, j’étais là, j’avais 16 ans ! Ouais. C’est ça. (Rires.)
– Suzanne McCarrey (entretien avec ARCMTL, mars 2021)
Allan Youster se souvient d’avoir travaillé à l’entrée du New Penelope pendant les concerts de Muddy Waters, qui étaient très populaires :
Je me souviens de Muddy Waters, trois sets pour Muddy, et c’était bondé, je veux dire 526 personnes pour son premier set, ça c’était les billets vendus – sans compter le groupe lui-même et leurs gens, et les deux flics qui sont entrés gratuitement. Je me souviens que les flics sont arrivés, ils ont garé leur voiture après la première partie, et j’étais à la porte et ils sont entrés juste pour regarder Muddy. Deux flics debout au fond de la salle. Ce que je veux dire, c’est que notre capacité d’accueil, officiellement, était de 155 personnes.
– Allan Youster (entretien avec ARCMTL, 17 juillet 2015)
Michael Nerenberg a proposé à Muddy et à son groupe de les enregistrer lors d’une séance d’improvisation informelle dans un appartement situé à quelques coins de rue du New Penelope, la veille de l’un de ses concerts. Le groupe a accepté, à condition que Nerenberg leur fournisse de la marijuana.
Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Muddy en veut aussi ».
Plusieurs de ces artistes viendront à nouveau donner des concerts à Montréal dans les années qui suivent, mais ils joueront dorénavant dans de grandes salles comme celles de la Place des Arts. Ceux qui ont pu les voir dans l’intimité du New Penelope pour seulement deux dollars ont eu bien de la chance!