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L’été en ville

On se souvient de l’« Été de l’amour » à San Francisco en 1967 comme ayant été le véritable épicentre de la scène hippie; mais Montréal en a eu sa propre version.

À quelques pas du New Penelope, en remontant l’avenue du Parc, se trouvait le Fletcher’s Field (rebaptisé Parc Jeanne-Mance en 1990), au pied du mont Royal. Ce vaste parc est le théâtre de nombreux rassemblements spontanés de jeunes, ainsi que d’au moins trois « Human be-ins » (ou « love-ins ») – grands happenings hippie – organisés cet été-là. Un photographe amateur, habitué du New Penelope, capture les photos suivantes lors d’un mariage hippie dans ce parc.

Photographie en noir et blanc de plusieurs jeunes gens assis sur des bancs dans un parc ainsi que sur le sol, avec un homme debout regardant un couple assis sur le sol s'étreignant au centre inférieur de l'image.

Les mariés s’embrassent lors d’un mariage hippie sur le mont Royal, 1967

Image en noir et blanc de dix jeunes gens debout et assis dans un parc autour d'une statue au centre de l'image. La statue représente un ange ailé en pierre sur un haut et étroit piédestal en pierre.

Invités à un mariage hippie sur le mont Royal, 1967

 

L’un des habitués du New Penelope, Richard King, se souvient de ces rassemblements de jeunes qu’on appelait aussi « be-ins » :

C’était plus calme qu’aux Tam Tam [sessions d’improvisation musicales ayant toujours lieu les dimanches sur le mont Royal]. C’était juste une bande de Hippies dans le parc ; ils chantaient ou dansaient ou faisaient ce que nous imaginions que les gens de Haight-Ashbury faisaient. C’était une assez pâle imitation des, vous savez, des Hippies de San Francisco, mais c’était ça l’idée. Um, mais Montréal, vous savez, l’intolérance…

D’autres habitués se souviennent d’avoir été présents lorsque la police à cheval a dispersé l’un de ces rassemblements de jeunes aux cheveux longs :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « L’intolérance envers les hippies ».

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Un bébé arrêté pendant un love-in ».

La première page du journal The Montreal Star avec une image d'une femme affrontant des policiers dans un parc et une image de policiers à cheval chargeant un cheval sur des personnes rassemblées dans un parc

Article sur la descente de police lors du love-in du 7 mai 1967

 

Il se trouve qu’Alan Brown, musicien du groupe The Sidetrack, se souvient d’avoir été harcelé à l’époque pour ses cheveux longs :

… si vous vous promeniez dans les rues de Montréal avec des cheveux qui n’étaient pas coupés en brosse, qui descendaient peut-être jusqu’aux oreilles ou qui passaient par-dessus votre col, vous étiez considéré comme une sorte de fou effrayant. Et, vous savez, vous étiez en danger face à la police. Vous étiez en danger face aux gens qui s’en sentaient offensés. J’ai été attaqué plusieurs fois dans la rue. C’était assez effrayant.

Image d'une partie de la première page du journal The Montreal Star montrant un homme assis chantant lors d'un Love-In dans un parc qui est le sujet de l'article à côté de l'image.

Article sur le love-in du 3 septembre 1967

À la fin de l’été cependant les gens ainsi que la police s’étaient habitués à ces rassemblements. Non seulement les Hippies mais toutes sortes de Montréalais prenaient dorénavant part à l’action. Certains de ces concerts en plein air étaient commandités et publicisés par des stations de radio locales, permettant d’atteindre un public plus large. La police était présente mais ne les interrompait plus.

The Sidetrack eux-mêmes se sont produits lors d’un concert rock de jour dans le parc, comme on peut le voir dans ce film amateur de 1967 :

 

Regardez l’extrait vidéo avec la description : « The Sidetrack sur le mont Royal ».

Alan Brown, musicien du groupe The Sidetrack, se souvient d’avoir joué lors d’un de ces love-ins :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « Alan Brown au sujet d’avoir des cheveux longs et de jouer de la musique dans un love-in ».

Une affiche psychédélique très stylisée en noir et blanc imprimée sur du papier jaune pâle.

Affiche du love-in sur le mont Royal, le 3 septembre 1967

 

Le groupe s’est également produit au New Penelope tout au long de l’été 1967. Ils y ont convié de nombreux artistes invités durant cette résidence, comme le groupe local Owed To The Blues. Jim Mathewson, membre de ce dernier, se souvient d’avoir joué cet été-là :

Écoutez l’extrait audio avec la transcription : « L’Été de l’amour au New Penelope ».

Sans aucun doute, Montréal a elle aussi eu son « Été de l’amour » en 1967, comme on peut le constater à travers cette série de love-ins, la multiplication des concerts à travers la ville sans oublier les tensions entre les Hippies et les forces de l’ordre.