Familles au travail et à la maison
L’évolution du milieu de travail apporte également son lot de changements dans la vie des familles ouvrières. Les femmes au foyer – dans bien des cas travailleuses non rémunérées –, font du jardinage, mettent les légumes en conserve ou élèvent des porcs et des poulets pour aider à subvenir aux besoins de leur famille. Cette situation est si commune que l’on dénombre en 1891 deux fois plus de poulets que de personnes dans le nord d’Hamilton.
Les femmes, et parfois même les filles, commencent à travailler à l’extérieur de la maison. On en voit de plus en plus dans les ateliers de fabrication de chaussures, les usines de tabac et les filatures nouvellement ouvertes. Il n’est pas rare que les jeunes femmes célibataires travaillent dans les nouvelles manufactures pendant quelques années avant de se marier. Le salaire qu’elles perçoivent vient s’ajouter aux maigres ressources financières des autres membres de la famille. Une fois mariées, la plupart des femmes reviennent au foyer, bien que certaines d’entre elles réalisent à la maison de petits projets de couture et autres menus travaux pour augmenter le revenu du ménage. La famille McMahon en est un bon exemple. Puisque le salaire de son mari, John, ouvrier pour la Great Western Railway, ne suffit pas pour subvenir aux besoins de leurs quatre enfants de moins de six ans, Bessie McMahon coud des vêtements à la maison pour parvenir à joindre les deux bouts.
Dans de nombreuses familles – en particulier lorsque le père est décédé au travail dans des conditions dangereuses –, la location de chambres à des pensionnaires fournit un revenu supplémentaire attrayant. Après avoir perdu son époux, Mme Wheeler ouvre une maison de pension sur la rue Bay Nord. En 1872, pas moins de 19 hommes vivent sous son toit, dont James Ryan, James Ballantyne et Silas Wheeler, connus pour leur participation au mouvement pour une journée de travail de neuf heures.