Le défilé d’Hamilton
En dépit de l’opposition farouche des employeurs, la Ligue des neuf heures d’Hamilton tient un grand défilé au centre-ville le 15 mai 1872. Quelque 1 500 ouvriers déambulent devant les usines et les ateliers qui ont jadis amené la révolution industrielle en ville. Chaque métier est représenté, les hommes brandissant leurs outils et les produits de leur dur labeur. Certains agitent des pancartes portant des slogans tels que « La vie est courte, mais l’art est éternel ». Partout où l’on défile ce jour-là, des milliers de personnes applaudissent depuis les trottoirs bondés.
La procession suit un trajet sinueux de huit kilomètres qui l’amène à marcher devant les usines d’employeurs qui ont accordé la journée de neuf heures, ainsi que de ceux qui l’ont refusée.
Les protestataires s’exclament bruyamment lorsqu’au détour d’une rue, ils aperçoivent la bannière installée à l’usine Johnson Marble Works, sur laquelle on peut lire : « Journée de neuf heures accordée, et pas besoin de grève ». Pour leur part, les machinistes en lock-out de Wanzer se montrent implacables, hissant une banderole qui proclame « Neuf heures, et pas question de reculer! »
Le défilé se termine au parc Crystal Palace (aujourd’hui, le parc Victoria), où les participants, accompagnés de leur famille et de leurs amis, écoutent des discours, festoient et dansent jusqu’au soir.