Réaction patronale
Les employeurs d’Hamilton ne s’opposent pas tous à la journée de travail de neuf heures. Certains d’entre eux s’expriment même en faveur du mouvement lors du grand rassemblement de janvier au Mechanics’ Institute, puis tout au long de la lutte. L’une de leurs principales préoccupations, cependant, concerne le fait que les usines d’Hamilton pourraient devenir moins compétitives par rapport aux industries d’autres villes et villages une fois adoptée la journée de travail de neuf heures. Certains patrons appuient en principe la journée de travail de neuf heures, réprouvant en revanche les stratégies et les tactiques de James Ryan et de la Ligue des neuf heures d’Hamilton.
Si quelques patrons accordent à leurs ouvriers la journée de travail de neuf heures, la majorité, elle, resserre ses rangs contre la Ligue des neuf heures. À la mi-février, un grand nombre de propriétaires d’usines de premier plan d’Hamilton signent un pacte contre la Ligue des neuf heures. Dans celui-ci, on soutient que le mouvement ne peut qu’entraîner « des conséquences désastreuses pour les employeurs et les employés, en retardant notre avancement manufacturier et commercial et en cédant l’avantage concurrentiel à nos rivaux de l’ensemble du Dominion ». Plus de 144 employeurs d’Hamilton signent le pacte, publié dans le journal Hamilton Spectator le 19 février 1872.
Lorsqu’ils apprennent que la Ligue des neuf heures entend interrompre toute production dans la ville le 15 mai, certains employeurs réagissent de manière pour le moins drastique. R.M. Wanzer, par exemple, met les employés de son usine de fabrication de machines à coudre en lock-out de façon préventive le 10 mai 1872. Le lendemain, de nombreux propriétaires de fonderies font de même. Ainsi, la veille du défilé, les lignes de bataille sont clairement tracées.