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Une menace pour le monde « civilisé »

La menace du cancer est un phénomène mondial qui touche plus ou moins tous les pays civilisés.

– Traduction d’une citation de Frederick Hoffman tiré du discours « Cancer Problem of Canada » (« Le problème du cancer au Canada »), donné à la Ontario Health Officers Association, Toronto, 1925

Montage constitué d’un portrait photographique en noir et blanc et de la page couveture d’un rapport statistique. L’homme est d’âge moyen, porte un costume et une petite barbe. Sur la page couverture, le titre du rapport est « The mortality of cancer throughout the world ».

(À gauche) Portrait de Frederick Hoffman, 1909 (À droite) Page couverture du rapport de la Prudential concernant le cancer, 1915

Au tournant du 20e siècle, en Amérique du Nord et en Europe, on s’inquiète d’une augmentation importante de décès liés au cancer. Frederick Hoffman, statisticien en chef de la Prudential Insurance Company, est l’un des premiers à sonner l’alarme. En 1915, il publie The Mortality from Cancer throughout the World (La mortalité due au cancer dans le monde) dans lequel il explique que le cancer est un problème mondial croissant.

Parchemin en papyrus sur lequel du texte est écrit en hiératique, une simplification des caractères hiéroglyphiques égyptiens. Certains passages sont écrits à l’encre noir et d’autres à l’encre rouge.

Papyrus Edwin Smith, 1600 AEC

Le cancer n’est pourtant pas un mal nouveau. La première trace écrite de cette maladie remonte à l’Égypte antique. L’apparition du terme cancer pour décrire des tumeurs localisées ou des gonflements du corps nous vient quant à lui de la Grèce antique. Dans les écrits hippocratiques on utilise le terme karkinos et karkinoma c’est-à-dire crabe (qui en latin se dit cancer) pour décrire cette maladie. Le terme est choisi en référence à la forme des veines gonflées qui entourent les tumeurs du sein. Au 19e siècle, le développement de la science médicale et, notamment, de l’utilisation du microscope pour observer des maladies permet aux médecins de diagnostiquer les cancers avec précision.

Montage photographique de deux images. À gauche, se trouve une gravure (noire et blanche) représentant le profil du buste d’un homme ayant une calvitie et une barbe bien fournie. À droite, se trouve la page titre d’un livre composé de dessins ainsi que de textes. Les dessins, en noir et blanc, représentent des médecins réalisant différentes taches. Le texte est en latin et présente le titre de l’ouvrage, l’auteur, la traduction et l’éditeur qui est Mercuriale.

(À gauche) Gravure d’un buste d’Hippocrate, 1638 (À droite) Anthologie des écrits hippocratiques, 1588

Malgré ces avancées, les causes du cancer restent mystérieuses et donnent lieu à toutes sortes de discours alarmistes. Par exemple, le médecin torontois John Ferguson explique que c’est le mode de vie des pays « civilisés » qui favorise le développement du cancer. D’autres vont plus loin et voient dans cette maladie le signe de la dégénérescence de la civilisation occidentale. Ces débats d’idées, qui trahissent les tendances racistes de la bourgeoisie de l’époque, transforment le cancer en un problème social. Ce problème est d’autant plus important que les corps médicaux n’ont pas ou très peu de ressources pour lui faire face efficacement.

À cette époque, seules des chirurgies très agressives sont parfois utiles pour traiter les cancers. Toutefois, la nature drastique de ces opérations pousse plusieurs malades à ne pas se faire traiter. Les propriétés médicales révolutionnaires d’un nouvel élément radioactif apparaîtront bientôt comme une lueur d’espoir dans cette lutte pour laquelle la médecine est jusqu’alors démunie.

Montage de deux images. À gauche, se trouve une photographie en noir et blanc représentant un homme agé à lunettes de profil. Il est assis et porte un costume trois pièces. À droite, se trouve un dessin en noir et blanc représentant une opération chirurgicale sur un haut du corps nu. Le sein droit est coupé par des ciseaux et un scalpel afin de montrer la procédure d’une ablation complète. Le reste du corps et du visage sont recouverts de draps.

(À gauche) Dr William Stewart Halsted, 1922 (À droite) Représentation médicale d’une mastectomie radicale, 1924