Indépendance à l’Autoplex
Le début des années 1980 est également marqué par un changement de direction de l’UAW et, de manière générale, des ouvriers automobiles canadiens. En 1983, la renégociation du contrat est caractérisée par un profond désaccord entre les membres canadiens et américains de l’UAW au sujet du partage des bénéfices, et un accord presque entièrement distinct est finalement négocié pour les membres canadiens. Une grève au mois d’octobre 1984 voit la branche canadienne rejeter une offre américaine.
En décembre 1984, la banche canadienne de l’UAW (UAW of Canada) vote pour l’indépendance, ce qui déclenche un long et tumultueux référendum. Elle devient totalement indépendante sous le nom de Travailleurs canadiens de l’automobile (Canadian Auto Workers Union, CAW) en septembre 1985. Les débats concernant le référendum sont particulièrement intenses à la section locale 222 à Oshawa, certains membres craignant que le constructeur remette en question les accords précédents conclus avec l’UAW lorsqu’il aura à traiter avec le nouveau syndicat canadien. Malgré cela, Oshawa vote en fin de compte avec une majorité écrasante en faveur de l’indépendance.
Sur le plan institutionnel, la seconde moitié des années 1980 marqua un tournant pour l’entreprise. Il était question que le nouveau concept de voiture « de l’ère spatiale » appelé Saturn soit mis en production à l’usine d’Oshawa, mais ce projet donna finalement lieu à la création de la filiale Saturn Motors en 1985, pour laquelle une nouvelle usine fut construite dans le Tennessee. L’usine d’Oshawa fut au lieu de ça fermée pour être rééquipée cette année-là, afin de passer à un modèle de production dite « flexible » devant permettre la fabrication d’une grande variété de véhicules. En 1985, les ventes de GM Canada dépassèrent 19 milliards de dollars, leur meilleure année jusque-là.
Un an plus tard, GM investissait 2 milliards de dollars dans l’usine d’Oshawa, pour en faire le premier « Autoplex » canadien. Il s’agissait à l’époque de la plus grande usine automobile d’Amérique du Nord. La nouvelle usine combinait les usines originelles de voitures et de camions en une installation unique, capable de produire plus de 720 000 véhicules par an. En revanche, afin de réduire les coûts, GM ferma pendant la même période onze usines américaines obsolètes, licenciant 29 000 ouvriers.