La grève! 1955
Mais le boom automobile du début des années 50 ne dure pas. Le procès antitrust est rendu public en 1953 et les ventes déclinent très fortement en 1954 et 1955. La demande qui avait fait du Canada un exportateur automobile pendant les deux décennies précédentes s’effondre et, pour la première fois depuis les années 1910, le pays importe plus de voitures qu’il n’en produit.
Pendant l’hiver 1954, la section locale 222 de l’UAW à Oshawa doit renégocier sa convention collective, l’ancienne convention s’étant avérée insuffisante pour compenser l’inflation. Fin 1955, les ouvriers de GM se mettent en grève, exigeant l’augmentation des salaires et un accord visant à restreindre la possibilité pour l’entreprise d’augmenter la cadence sur la chaîne d’assemblage en période de recrudescence de la production.
On s’amusait beaucoup sur [le piquet de] la grève. C’est là que j’ai appris à jouer aux cartes. À l’euchre. Nous n’étions pas dehors pendant longtemps ; ce [n’était pas] si terrible, on était au mois de septembre. – Bill Harding, ouvrier sur la chaîne de montage.
Beaucoup considèrent la grève de 148 jours de 1955 comme le point culminant du pouvoir de l’UAW à Oshawa. Le syndicat obtient les augmentations de salaire, la sécurité de l’emploi et la couverture santé que les ouvriers voulaient, même s’il n’est pas en mesure d’obtenir les accords sur la production.
55 a été la plus grande démonstration de force des ouvriers. À la fin, ils étaient tout aussi forts qu’au début. – Bev McCloseky, ouvrière sur la chaîne de production et membre fondatrice du Comité des femmes de l’UAW.
Pendant la deuxième moitié des années 1950, les ventes de GM continuent de baisser, alors que l’économie entre en récession et que les importations de voitures européennes augmentent. Avec la fin du boom économique des années 1950, de plus en plus de consommateurs se tournent vers des voitures moins chères provenant du marché européen. Il faudra une décennie et un traité commercial révolutionnaire pour retourner la situation.