La McLaughlin Carriage Company
En 1867, l’année de la Confédération du Canada, un charpentier du nom de Robert McLaughlin fonde un atelier de fabrication de chariots à 20 kilomètres au nord-est d’Oshawa. Treize ans plus tard, à la recherche d’un nouveau marché, il déménage son entreprise près de l’intersection de Simcoe Street et Kingston Road dans les Four Corners. Issu d’une famille d’immigrants presbytériens irlandais, McLaughlin monte un atelier de fabrication de manches de hache, mais diversifie rapidement ses activités pour devenir un des principaux ateliers de fabrication de chariots des environs. Il se décide pour un nouvel emplacement à Oshawa non seulement en raison de son industrie (il fait alors déjà affaires avec de nombreuses fonderies et tanneries locales), mais aussi pour prendre un nouveau départ, loin des membres plus établis de sa famille.
En 1880, McLaughlin fait breveter le modèle « McLaughlin Gear » de sa conception, un châssis de calèche avec une « cinquième roue » tournante, qui fait sa fortune. Simple et robuste, celui-ci facilitait les manœuvres de virage et assurait une conduite en douceur. Et surtout, sa fabrication ne coûtait pas cher. Ces caractéristiques étaient primordiales sur le marché industriel canadien, alors en pleine croissance.
En moins d’un an, les chariots et calèches McLaughlin Gear se vendent d’un bout à l’autre du Canada. Dix ans plus tard, les ateliers McLaughlin comptent parmi les plus importants du pays et emploient 300 ouvriers. En 1914, l’entreprise est le plus grand atelier de fabrication de chariots de l’Empire britannique et étend l’exportation de ses véhicules jusqu’en Inde. Les ateliers McLaughlin deviennent un des principaux employeurs de la région, faisant de Robert McLaughlin un membre éminent de la communauté. Il fonde la première équipe de la Ligue de hockey de l’Ontario (LHO) d’Oshawa, devint le premier président du YMCA de la ville, et est élu maire à plusieurs reprises.
Les calèches de l’époque étaient ouvertes et tirées par un ou deux chevaux, exposant les voyageurs au froid, à la poussière et aux odeurs. Se distinguant par l’excellente qualité de ses châssis et une conduite en douceur, le modèle McLaughlin était à la hauteur de son slogan : « Une seule note, la meilleure » .
Les trois fils de Robert McLaughlin s’impliquent dans la gestion des affaires, mais ce sont le cadet, George, et le benjamin, Robert Samuel, surnommé Sam, qui donnent un nouvel élan à l’activité de leur père. Ils débutent tous deux à l’atelier et gravissent progressivement les échelons de l’entreprise. Ce sont eux qui, en 1904, réalisent le potentiel de cette innovation qu’est l’automobile pour développer l’entreprise familiale.