Les ouvriers au combat
Ces actualités cinématographiques datant d’après la guerre couvrent le champ très large des activités militaires de GM Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale. Extrait des actualités cinématographiques de General Motors : La production de guerre de GM Canada : Visionner cette vidéo avec transcription (FR)
Bien avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale, GM Canada étudie la fabrication de véhicules militaires, mais les essais de construction d’un camion à six roues de conception britannique en 1936 restent infructueux. Au début du printemps 1939, GM se lance dans la conception d’un camion militaire Chevrolet à quatre roues motrices. Avec l’entrée en guerre en septembre 1939, Chevrolet et Ford (et Chrysler, par la suite) commencent la construction de ce véhicule, le Camion militaire canadien standard (Canadian Military Pattern, CMP).
En 1941, GM Canada signe un contrat de production de guerre avec le gouvernement canadien et produit son dernier véhicule civil en 1942 avant de se tourner complètement vers la production de matériel militaire. L’usine d’Oshawa produit des camions, des voitures d’état-major, des ambulances, des tracteurs d’artillerie, des affûts de canon, des automitrailleuses, des caisses de char et des fuselages pour le bombardier léger Mosquito construit par de Havilland.
Pour toutes les missions de reconnaissance dans le désert, n’utiliser que des camions [canadiens] capturés, car les camions allemands s’enlisent trop souvent. – Dépêche allemande interceptée sur le front d’Afrique du Nord.
L’effort de guerre est bénéfique pour les ouvriers : les salaires augmentent, même pour les nouveaux employés. Le nouveau contrat comprend également une clause de livraison urgente (« time is of the essence ») permettant à l’usine d’exiger de ses employés un nombre illimité d’heures supplémentaires. L’UAW est également reconnu en tant que syndicat officiel des ouvriers automobiles d’Oshawa en 1943.
Beaucoup d’hommes s’étant engagés volontairement dans l’armée, GM doit les remplacer. L’entreprise accueille comme apprentis des garçons d’à peine quinze ans. Elle embauche également un nombre important de femmes qui se voient confier les tâches que les ouvriers plus expérimentés considèrent comme déplaisantes ou ennuyeuses.
Je dirais que la moitié des ouvriers de GM étaient des femmes. Nous posions des rivets sur les trappes de largage et les pompes d’urgence, et de l’autre côté de la porte c’est là qu’ils fabriquaient l’avion tout entier. Nous on s’occupait des petites pièces… À cette époque, ça ne posait pas de problème que des femmes mariées travaillent, cela ne semblait pas faire de différence du tout. Ils l’acceptaient comme mesure de guerre. – Mary Turner, membre de la section locale 222 et employée de GM pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans un sentiment de solidarité face à la guerre, le mouvement syndical et l’agitation politique s’atténuent. Les partisans de la ligne dure des socialistes et communistes du syndicat s’étaient initialement opposés à l’effort de guerre, mais l’entrée de l’Union soviétique dans le conflit en 1941 entraîne un changement d’attitude spectaculaire. Les membres du syndicat qui avaient jusqu’à présent lutté contre ce qu’ils considéraient comme le militarisme du gouvernement canadien, se mettent à recruter activement au sein du syndicat et prônent l’interdiction des grèves pour maintenir la production à un niveau élevé.
L’Artisan de guerre (the War-Craftsman), la revue mensuelle de l’usine, contenait des nouvelles du front, des commérages de l’usine, des conseils culinaires et, plus tristement, la rubrique nécrologique de ceux qui étaient morts au combat. Sur les 1 689 employés de l’usine qui intégrèrent les forces armées pendant la guerre, 73 perdirent la vie.
On se disait « je ne vais pas bâcler ce boulot, parce que ça pourrait coûter sa vie à un gamin… si ce n’est pas fait comme il faut. » – Mary Turner, au sujet de la production de guerre.