Les rapides St. Mary
Joignant les lacs Supérieur et Huron, la rivière St. Mary transporte une énorme quantité d’eau. Une dénivellation de plus de sept mètres crée des rapides bouillonnants sur une largeur de 1,6 km. Depuis la nuit des temps, les Ojibwa Anishnaabe avaient élu domicile sur les rives de ces rapides. Ces eaux tumultueuses offraient un environnement idéal pour le fraie et un habitat de prédilection pour la truite et le poisson blanc. La faune marine y était à ce point abondante qu’un habile pêcheur, armé d’un simple filet, pouvait remplir son embarcation en moins d’une heure. Une fois séché et fumé, ce poisson devenait une source alimentaire importante durant les longs mois d’hiver.
Outre les habiles pêcheurs locaux, les Anishnaabe des régions éloignées voyageaient plusieurs centaines de kilomètres durant la saison estivale pour se donner rendez-vous au pied des rapides St. Mary, dénommés Bawating. Ces rapides étaient ainsi un centre de rassemblement tant politique que commercial. Avec l’arrivée des Européens au 17e siècle, Bawating devenait aussi une destination obligée pour les missionnaires Français et les coureurs des bois.
Au 18e siècle, la Compagnie du Nord-Ouest y construisit une écluse pour les canots ainsi qu’un poste de traite afin de faciliter le transport des marchandises et le commerce des fourrures avec les populations locales.
Plusieurs décennies plus tard, un système complet d’écluses fut construit tant du côté américain que du côté canadien des rapides afin de faciliter le passage des bateaux voyageant jusqu’aux confins du lac Supérieur.
L’aménagement de ces installations attira des centaines de travailleurs, ce qui contribua à l’expansion temporaire de Sault-Ste-Marie. Un pont fut également construit afin de relier le réseau ferroviaire américain au nord de l’Ontario. Une fois ces grands travaux d’infrastructure achevés, la ville était désormais liée au reste du monde via le système de transportation moderne. Avec le départ des ouvriers de la construction, la ville subit une crise financière de premier ordre. Sans industrie, le peu d’activités commerciales reliées à la pêche et au tourisme était loin de suffire à la survie économique de la ville.
La communauté d’affaires locale débute alors la construction d’une station de génération hydroélectrique, mais l’effondrement d’un mur et le manque chronique de fonds voua le projet à l’échec. En 1894, la santé financière de la ville était à ce point fragile que les taxes municipales suffisaient à peine de payer les intérêts sur la dette.