Son réseau de contrebande
Au début des années 1920, Alfred Lévesque met sur pied un réseau de contrebande d’alcool reposant d’abord sur le trafic de l’alcool frelaté. Par la suite, il fait venir par goélette de l’alcool de meilleure qualité des îles Saint-Pierre et Miquelon, un petit territoire français situé au large de Terre-Neuve qui n’est pas touché par la prohibition. La goélette Robertson est entre autres utilisée. Alfred Lévesque peut désormais offrir à ses distributeurs whisky, champagne, rhum et vin! Il a aussi accès aux étiquettes de la Commission des liqueurs lui permettant d’écouler sa marchandise. Ces étiquettes lui viendraient probablement de son association avec les frères Bronfman.
Le réseau d’Alfred s’élargie rapidement comme en témoigne cette carte des sites de chargement et de livraison :
Les affaires illégales d’Alfred prenant de l’ampleur, il en vint à posséder, à la fin des années 1920, d’importantes installations à Notre-Dame-du-Lac.
Le réseau de contrebande mis sur pied par Alfred Lévesque et Antonio Graveline s’avéra fort efficace. À titre d’exemple, notons qu’en 1932, ils étaient parvenus à expédier aux États-Unis au moins 5 000 gallons d’alcool de contrebande, et ce, sans compter l’alcool qu’ils surent écouler au Canada. L’ampleur des activités d’Alfred en fit l’un des contrebandiers les plus notoires de l’Est du Canada.
Nos contrebandiers pouvaient compter sur l’appui de nombreuses personnes influentes. Policiers, avocats, juges et même ministres étaient corrompus. Ceci explique bien pourquoi il y a eu un grand nombre d’arrestations et bien peu de condamnations.
Alfred n’hésitait pas à utiliser tous les moyens possibles pour arriver à ses fins comme en témoignent la grande couverture médiatique dont il a bénéficié. La Presse du 2 juin 1934 décrit Alfred comme un homme à l’audace inouïe. « C’est l’homme qui, un jour, s’empara d’une locomotive du Chemin de fer National et passa trois chars de boisson aux États-Unis, ramenant ensuite la locomotive à l’endroit où il l’avait prise. »