Entrevue avec Claude Belzil
Extrait d’une entrevue réalisée par l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve en 2007
Claude Belzil, commis de chantier [00:00] Je me promenais avec ma caméra dans l’heure du dîner puis je prenais des photos où on voyait en fond de terrain la ville de Montréal. L’hiver on voyait la glace, le fleuve qui bougeait puis en fait cet immense chantier-là à deux pas de Montréal. Ça, ça m’impressionnait beaucoup. Ce qui m’a intéressé également, c’est la compétence des techniciens qui étaient là. Il y avait énormément de gens qui connaissaient des choses qui pour moi … (sic). J’ai découvert que c’est que ces gens-là se connaissaient entre-eux autres. Ce sont des gens qui travaillaient sur beaucoup de chantiers, un peu de style Manic et ce qui concerne surtout l’hydroélectricité, à développer beaucoup de compétences. Ces gens-là, on les retrouvait, ils se promenaient, puis ils parlaient d’autres chantiers qu’ils avaient déjà travaillé ensemble. Dans le temps, ça resterait à vérifier, mais si je me souviens, ils disaient que normalement un chantier de la sorte, un type de construction comme celle-là, on multiplie par trois la sécurité de la construction. Dans ce cas-là, semble-t-il, on avait multiplié par sept la résistance éventuelle à toutes sortes de pressions sur la réalisation de ce projet-là. [01:10]
Narrateur [01:10] La tranchée sous la voie maritime qui recevra les sept éléments du tunnel, est creusée par la drague d’Hydro-Québec. Cette tranchée est large de 37 mètres et sa base sera à 28 mètres de profondeur. Lorsque la construction des éléments est terminée, on installe des cloisons étanches à chaque extrémité et on procède à l’inondation de la cale sèche. [01:34]
Claude Belzil, commis de chantier [01:34] Je me souviens très bien aussi à partir du moment où ils ont inondé la cale sèche. Et je dois dire, si je me souviens, qu’il y avait un sentiment d’incertitude qui flottait. Les gens se posaient la question si vraiment ça flotterait dès que la cale serait remplie parce que c’était quand même des milliers de tonnes, chacun des éléments. Et finalement, un matin quand je suis arrivé, les gens on dit: « Ça flotte, mais de quelques pouces! ». Alors disons qu’il y avait une certaine satisfaction puis une inquiétude en même temps. C’était l’enjeu du projet dans le fond qui était là. Donc, ça je me souviens de ces éléments-là. [02:17]