La modernité avant le pont-tunnel

Motel Cadillac, 5800 rue Sherbrooke est. Carte postale vers 1955.
Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Dans les années qui suivent 1945, trois facteurs marqueront le développement du Québec : le boom démographique, la hausse du niveau de vie et la révolution automobile. Le développement économique de Montréal reprend son expansion de plus belle. Des promoteurs copient le modèle lucratif des banlieues américaines à Longue-Pointe et Boucherville. L’espace est configuré pour l’usage de la voiture. Sa popularité au Québec est attribuable à différents facteurs, dont l’accès plus facile au crédit automobile, l’essence à bas prix et la contribution hypothécaire du gouvernement fédéral. Longue-Pointe et Boucherville ne sont ni trop loin ni trop près du centre-ville de Montréal, ce qui permet aux entrepreneurs immobiliers d’acquérir de grandes surfaces à faible coût et de garantir la quiétude escomptée du mode de vie à distance raisonnable.

Publicité du Village Champlain, 1953. 
La Presse

Maison modèle à Boucherville, 1960.
Le Devoir

L’un de ces projets est celui du Village Champlain à Longue-Pointe. Construit de 1949 à 1956 par S. D. Miller & Sons, il regroupe 400 bungalows entre les rues Curatteau, Liébert, Hochelaga et Sherbrooke. À l’époque, c’est le plus grand du genre au Canada et l’un des premiers sur l’île de Montréal. Ce parc résidentiel comporte un centre commercial comme lieu de sociabilité. C’est le deuxième au Québec.

Du côté de Boucherville, les promoteurs résidentiels sont plus nombreux. Les fermiers tirent profit du contexte pour faire de la spéculation foncière. Les constructeurs privés se concentrent au sud du boulevard Montarville entre les boulevards du Fort Saint-Louis et de Mortagne. Avec l’avènement des travaux autoroutiers sur la Rive-Sud de Montréal, plusieurs de ces constructeurs changent de vocation.

Maisons des Vétérans au coin des rues Haig et de Marseille, vers 1953.
Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

L’intensité de la croissance domiciliaire est si évidente qu’elle fait doubler la population de Boucherville durant la décennie 1950. Cette dernière passe alors de 3030 personnes en 1951 à 8182, dix ans plus tard. En 1957, le village de Boucherville atteint le seuil démographique nécessaire pour devenir une ville en allant chercher les lots riverains de la municipalité de la paroisse de Sainte-Famille-de-Boucherville. Six ans plus tard, en 1963, la nouvelle ville l’annexe au complet et acquiert sa superficie actuelle.