Sylvie Asselin entre dans la peau de Marthe Quitel
Vidéo réalisé par Aux Trois Couvents, lieu de découvertes culturelles, 2019
Informatrice : Sylvie Asselin
Sylvie Asselin, membre de la Société d’histoire des Filles du Roy, entre dans la peau de Marthe Quitel. Les membres de la Société ont l’habitude de personnifier une pionnière.
[Marthe Quitel (Sylvie Asselin)] J’ai pas juste pris pays et pris mari. J’ai pris nouvelle confession. Mais avec le temps, m’a vous dire, je suis tombée en amour avec la bonne sainte Anne. Elle était bien importante pour nous autres, et je l’ai priée, la bonne sainte Anne. Elle a fait des bien bonnes choses pour moi.
Mais vous connaissez mon homme? Barthélemy Verreault, dit Le Bourguignon. On a eu neuf enfants. Cinq gars et quatre filles. Oui… On est aussi bien de dire que j’ai eu deux gars : j’ai perdu les trois premiers. Nous autres, les filles, il a bien fallu se retrousser les manches. Il y en a eu, de la labeur, sur ces terres-là.
Le bois debout, fallait bien le coucher pour être capable de semer entre les souches. Et comme mon homme voulait être prospère, il cherchait tout le temps à agrandir les terres. À un moment donné, il a acheté un four à chaux. Moi, le tablier commençait à retrousser pour le septième. J’avais toujours pas de gars. Lui, il était toujours bien occupé. Ce qui fait qu’à un moment donné, il a fallu confier la terre en face du four à quelqu’un d’autre pour être capable d’exploiter la pierre à chaux.
Mais moi, ce que je trouvais le plus dur, dans ça, c’étaient les hivers. Ah! Ça… Tu varnousses toute la journée, le fret rentre par les fentes entre les planches. Et là, il faut que tu t’organises pour avoir de la mangeaille jusqu’à la fin de l’hiver. Une chance qu’au printemps, on pouvait aller chercher de l’anguille. Tu mets ça dans l’âtre, tu la fais fumer, et en plus, ça se conserve bien plus longtemps. Tout était à refaire. C’est bien sûr. Fallait sortir pour aller chercher de l’eau pour boire et pour manger. Quand venait le temps de laver le linge, fallait se rendre à la rivière. Une chance qu’on faisait pas ça souvent.
On a trimé dur, mais c’était de même. Que voulez-vous? Toujours est-il que j’ai survécu à mon homme. Bien oui! Il a cassé sa pipe une vingtaine d’années avant moi. Il y a pas à dire! J’ai passé toute ma vie ici, au Château Richer.
Et j’ai entendu dire que j’ai toute une descendance, encore, de Verreault, au Château Richer. C’est-tu pas beau, ça?