Louis Jobin (1845-1928)
L’hiver 1896 tire à sa fin et le sculpteur Louis Jobin doit se rendre à l’évidence : l’incendie a entièrement ravagé son atelier de Québec. Sa décision est prise : il s’installera à Sainte-Anne-de-Beaupré. Il a reçu une commande de plusieurs œuvres pour le parc de la basilique qui s’y trouve et, depuis plusieurs années, il se consacre de plus en plus à la statuaire religieuse.
Étant jeune, il avait cru pouvoir faire carrière en sculptant des figures de proue. L’industrie de la construction navale avait alors le vent dans les voiles. Dès l’âge de quatorze ans, il avait appris les rudiments du métier avec son oncle qui était sculpteur sur bois, une formation qui a été suivie d’un apprentissage de trois ans auprès du maître-sculpteur François-Xavier Berlinguet et d’un séjour à New York. Son talent ne faisait pas de doute mais, rapidement, Louis avait dû constater le déclin du monde de la construction navale. Après quelques années passées à Montréal à créer des œuvres de toutes sortes, y compris des enseignes commerciales, pour joindre les deux bouts, il avait ouvert son atelier à Québec en 1876. Là encore, le sculpteur s’était réinventé et adapté au marché. Graduellement, la statuaire religieuse a pris une place plus importante dans sa production.
L’atelier étant détruit, le déménagement à Sainte-Anne-de-Beaupré semble la meilleure avenue. Louis espère pouvoir compter sur des commandes de statues religieuses de la part de congrégations, de pèlerins et de touristes.
Louis restera à Sainte-Anne-de-Beaupré jusqu’à son décès en 1928. Sans jamais devenir riche, il recevra de nombreuses commandes et jouira d’une solide réputation. Les statues de grand format recouvertes de métal deviendront sa spécialité. Damase Potvin, journaliste et romancier, dira de lui qu’il « savait comment faire passer son cœur et son âme dans ses ciseaux et sa gouge ».
Aujourd’hui, Château-Richer se souvient… d’un sculpteur de grand talent qui, depuis son atelier de la municipalité voisine de Sainte-Anne-de-Beaupré, réalisait des œuvres qu’il expédiait ensuite aux quatre coins de la province et même à l’étranger.