Louis Richard (1852-1924) et Zoé Turgeon (1849-1925)
On connaît peu de choses de Louis Richard et Zoé Turgeon avant leur arrivée à L’Ange-Gardien. Ils se marient à Saint-Roch (Québec) en 1874. On sait aussi que, quelque 40 ans plus tard, Louis Richard possède une entreprise appelée « Richard & Cie, renforts », à Québec. Entre-temps, les Richard ont profité de l’arrivée du chemin de fer sur la Côte-de-Beaupré en 1889. La facilité de transport et le bassin de main-d’œuvre favorisent à cette époque l’apparition d’industries qui transforment le paysage et la vie dans la région.
À la toute fin du 19e siècle, Zoé Turgeon acquiert la moitié des droits sur le pouvoir d’eau de la rivière du Petit-Pré ainsi que le moulin qui s’y trouve. En 1898, sur la rive ouest de la rivière, au nord du moulin, les nouveaux venus construisent une manufacture qui fabrique du carton fibre destiné aux usines de chaussures à partir de guenilles et de vieux papiers. Le succès est instantané. En quelques années, la manufacture emploie une cinquantaine de journaliers qui y gagnent un salaire décent tout en travaillant à proximité de leurs familles.
Le couple d’industriels s’enrichit. Entre 1902 et 1907, il fait construire, au détour de l’avenue Royale à l’Ange-Gardien, une imposante maison au style éclectique typique de la fin de l’époque victorienne. Celle-ci ne passe pas inaperçue parmi les habitants de la région qui la surnomment « château Richard ». Grille en fer forgé, longue véranda, fontaine, la somptueuse résidence témoigne de la richesse de ses propriétaires.
Cette période faste ne fait qu’un temps. À partir des années 1920, les affaires déclinent et le « château Richard » est vendu. À la mort de Zoé, la manufacture passe à une seconde génération. Comme tant d’autres entreprises apparues dans la région au tournant du 20e siècle, il n’en reste de nos jours que quelques photographies et des souvenirs.
Aujourd’hui, Château-Richer se souvient… de l’incidence qu’ont eu sur la région ces riches entrepreneurs venus de Québec. Désormais inhabitée, leur demeure rappelle les belles années de l’ère industrielle sur la Côte-de-Beaupré.