Les gens du radar – Fred Bates
George Frederick Bates, ARC
Fred Bates était membre de l’Aviation royale canadienne et a servi outre-mer pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de son service, il a rencontré Janet Taylor et ils se sont mariés après la guerre. Fred étaitmembre actif du Musée des secrets du radar de London, en Ontario.
[Adaptée de son entretien d’histoire orale.]
Une lettre
Mes chers enfants,
Je ne devrais probablement pas écrire cette lettre, mais je n’ai jamais été du genre à faire ce qu’on est censé faire. Au cas où je n’aurai pas la chance de le dire en personne, ou si j’oublie à l’avenir, je veux que vous sachiez que votre père a aidé à sauver le monde. Eh bien, c’est peut-être un peu exagéré, mais ça semblait certainement à ça, à l’époque.
Tout a commencé en 1941, quand j’étais tout simplement un commerçant à Wingham, en Ontario. La guerre avait éclaté en Europe l’année précédente et j’avais entendu dire à la CBC que les Britanniques recherchaient des types qui connaissaient l’électronique.
Moi je n’avais aucune expertise, mais je me suis quand même adhéré aux forces aériennes. Ils m’ont envoyé suivre quelques cours de radio et d’électronique à l’Université de Guelph. En fin de compte, j’avais un talent pour ça et j’ai passé mes examens avec grand succès.
Un grand nombre des gars qui ont réussi ont été envoyés faire une « formation spéciale » à la base ARC Clinton. Ils nous ont parlés d’une nouvelle technologie, appelée la radiogoniométrie « Radio Direction Finding (RDF) – maintenant connu sous le nom de « radar ». C’était top secret à l’époque, et nous avions tous juré de garder le secret pendant 50 ans, ce qui est une longue période.
Habituellement, les gars entraient et sortaient au bout de six semaines, prenant des cours sur les bases du radar. J’ai suivi quelques cours supplémentaires sur les systèmes de navigation identification, ami/ennemi (ou IFF, pour « Identification Friend or Foe ») et les systèmes de navigation Gee. Je suis arrivé en tant que sous-officier aviateur 2eclasse (AC2), et je suis parti un Sous-lieutenant d’aviation – pas mal, ça, hein?
Je pensais qu’on m’enverrait en Angleterre avec le reste des gars, mais l’Empress of Japan a pris le large sans moi. Moi et trois autres gars avons été « détenus » pendant quatre jours, puis envoyés sur la côte ouest de la Colombie-Britannique. (Son premier voyage en solo était un secret).
Nous devions arriver à notre nouveau poste le jour de l’an 1942, mais un de mes compagnons a transformé le « 1 » en « 4 » et donc nous sommes arrivés à Vancouver le 4 janvier, après un bon voyage de détente.
Lorsque je suis arrivé, l’officier du 27edétachement m’a dit que j’allais être aux commandes. Alors, j’ai rassemblé mon nouvel équipage, y compris des hommes qui étaient là depuis un an, repérant des sous-marins et des avions à l’œil.
Le navire nous a déposés sur un point de terre, appelé Marble Island, au large de la côte de la Colombie-Britannique, et on nous a dit de construire une station radar. Il nous a fallu 28 heures à 65 personnes pour décharger les équipements, et 5 jours supplémentaires pour tout transporter jusqu’au sommet des rochers. Et puis nous avons construit cette station à partir de zéro.
Il fallait parfois que je fasse preuve de créativité pour obtenir des denrées fraîches pour mes hommes. Rappelle-moi de te parler de « la pêche au jambon en conserve » et de « l’incident du charbon », un bon jour. Après un épisode qui concerne un bulldozer et évitant pour la deuxième fois une cour martiale, je me suis porté volontaire pour être envoyé à l’étranger. Je pense qu’ils étaient contents de me voir partir.
Alors que j’étais affecté à l’un de mes nombreux postes en Angleterre, j’ai rencontré une jeune anglaise, Janet Taylor. Elle était opérateur radar pour la Women’s Auxiliary Air Force. Ça ne m’a pris aucun temps à comprendre qu’elle était la femme de ma vie. Une fois notre service complété et la guerre terminée, je lui ai demandé de m’épouser. Je pense que tu peux deviner quelle était sa réponse.
Votre père qui vous aime,
G. Fred Bates
Courtoisie de Fred Bates