L’heure de la radio
L’entrée de la radio dans les foyers canadiens modifie non seulement l’ambiance sonore des intérieurs, mais aussi le rythme de la vie quotidienne. La radio a contribué à normaliser le temps grâce à des émissions programmées, y compris les nouvelles. Les stations de radio canadiennes diffusaient des nouvelles depuis 1922. Les émissions d’information étaient particulièrement importantes pour les agriculteurs des Prairies canadiennes. Les agriculteurs rentraient des champs pour écouter les rapports de marché annoncés avec les nouvelles. Ils savaient ainsi quand apporter leur blé aux silos de l’Ouest. La diffusion quotidienne du signal horaire du Conseil national de recherches du Canada depuis Ottawa a également permis de normaliser l’heure à la radio. La CBC/SRC a introduit ce service dans les foyers à partir de 1939.
Dans les années 1920 et 1930, alors que la radiodiffusion devenait réglementée, les stations locales diffusaient une programmation à des heures fixes au cours de la journée et de la semaine. Il a fallu un certain temps pour que la programmation trouve sa place dans l’horaire quotidien. Au début, les émissions du réseau au Canada et aux États-Unis étaient diffusées à la même heure, sans tenir compte des fuseaux horaires. Les comédies diffusées le soir à New York sont entendues en fin d’après-midi sur la côte ouest. Les romans-feuilleton que beaucoup associent à la femme au foyer ne s’installent définitivement dans l’après-midi qu’en 1936. Les feuilletons ont commencé en soirée et ont progressivement migré vers l’horaire de l’après-midi. Les Canadiens écoutent des émissions comme « Amos ‘n’ Andy », expliquant qu’ils n’ont jamais entendu de telles voix auparavant. On raconte qu’aux États-Unis, les chasses d’eau des toilettes s’arrêtaient pendant quinze minutes lorsque l’émission Amos ‘n’ Andy de Pepsodent était diffusée. Peu à peu, les Canadiens adaptent leurs journées aux horaires des émissions de radio. Ils écoutent à la fois les émissions canadiennes et américaines. Les émissions étaient en anglais et en français, produites localement, régionalement, nationalement et internationalement. Les programmes structurent les journées des auditeurs en leur apportant des informations et des divertissements.
Écouter le clip audio avec la transcription : “Un homme et son péché, 1948”
Grâce aux progrès de la technologie de l’enregistrement, les stations enregistrent la programmation sur de grands disques. Cela leur permet de rediffuser les émissions à l’antenne. Le Musée des ondes Emile-Berliner possède des exemples de ces disques de transcription. Cliquez sur l’image du disque pour écouter un bref extrait de la « Biographie populaire de Louis Saint-Laurent » de 1949.
L’émission de radio incite les gens à se mettre à l’écoute au bon moment. La conception des récepteurs fait parfois directement référence au temps. Le « Columaire » de Westinghouse (1931) en est un exemple unique et précoce. Raymond Loewy, à New York, a conçu ce récepteur. Westinghouse l’a fabriqué à Montréal pour le marché canadien. Le modèle combine une horloge grand-père et un récepteur radio. Sa forme fait également allusion à un gratte-ciel contemporain de forme effilée. Il s’agit vraiment d’un modèle moderne à la pointe de la technologie !
Dans l’après-guerre, de plus en plus de petits radios-réveils aux couleurs vives (comme le modèle canadien General Electric 8H67) ont trouvé leur place sur les tables de chevet des Canadiens. La radio touche désormais les auditeurs du matin au soir.