La Coupe du Monde vient à Rossland
Coupe du Monde du Maurier International
Du 28 au 31 mars 1968, Rossland s’établit dans l’histoire du ski en accueillant la première coupe du monde organisée au Canada. Cette opportunité revêtait une importance particulière. Auparavant, malgré le succès grandissant de leurs compétiteurs, les Canadiens avaient eu des opportunités limitées de participer à des rencontres internationales dans leur propre pays. Le Canada avait fait une première tentative pour accueillir une compétition internationale en 1966. La société Imperial Tobacco Limited et l’Association canadienne de ski amateur (ACSA) avaient financé la rencontre du Maurier International, compétition de ski organisée sous l’égide de la FIS (Fédération Internationale de Ski). L’année suivante, ces mêmes organisations donnèrent leur soutien pour une nouvelle rencontre. La FIS s’appuya sur les fondations établies par le succès de ces compétitions consécutives pour promouvoir la rencontre Du Maurier International au rang d’événement de la Coupe du Monde. Désormais, la légitimité du Canada sur la carte mondiale du ski alpin était établie.
Marc Hodler, président de la Fédération Internationale de Ski, « accueillit l’arrivée du Canada dans les pays organisateurs » comme une étape de plus dans l’essor de ce sport. Le Canada a toute sa place dans la Coupe du Monde après la victoire éclatante de Nancy Greene la saison dernière.
– Rossland Miner, 28 septembre 1967
Décision historique, l’Association canadienne de ski amateur (ACSA) sélectionna la montagne Red après la présentation conjointe de la Ville de Trail et de la Chambre de Commerce de Rossland. Ce tournoi était l’avant-dernier du circuit de la Coupe du Monde avec des courses masculines et féminines de slalom et slalom géant. Rossland organisa aussi un banquet pour les compétiteurs et les entraîneurs, un défilé et d’autres festivités de Sno-Sho (Carnaval d’hiver) pour agrémenter le séjour des visiteurs. Au total, la Rencontre du Maurier amena à Rossland environ 130 des meilleurs skieurs du monde (75 hommes et 55 femmes), sans compter les entraîneurs, spectateurs et médias internationaux. Plus de 7 000 spectateurs s’alignèrent le long des parcours des épreuves pour regarder les compétiteurs affronter victorieusement les pentes enneigées. Nouvelle particulièrement excitante, Nancy Greene, sous les yeux de tous ses concitoyens réunis, marqua assez de points pour s’assurer le titre de Championne du Monde 1968 alors même qu’il restait encore une dernière épreuve dans cette Coupe du Monde.
Pour réussir à organiser un événement de cette ampleur, le RMSC prend inspiration de son expérience pendant les Championnats du Canada de 1966 et 1967. Plus de 600 bénévoles furent mobilisés pour s’assurer que les épreuves aient des gardiens de portes, chronométreurs, ouvreurs etc. Des bénévoles n’hésitèrent pas à se réunir pour piétiner la piste pour la damer après une grosse chute de neige une semaine avant la compétition. Le RMSC travailla également de concert avec la ville entière et les villages voisins afin de tout préparer pour l’accueil de visiteurs en grand nombre. Des bénévoles organisèrent le logement de Grand Forks à Nelson dans des hôtels, motels et chez des particuliers. Ils assurèrent également un approvisionnement suffisant pour les visiteurs en organisant des services de traiteurs, cafés et restaurants. Dans l’ensemble, l’événement fut une belle réussite! Les organisateurs furent même couverts d’éloges pour leur promptitude à afficher les résultats grâce à une technologie de chronométrage moderne mise au point par la compagnie Cominco Ltd. (anciennement connue sous le nom de Consolidated Mining & Smelting Company of Canada Limited).
Coupe du Monde de Descente Husky (Féminine)
En 1988, Rossland eut une autre opportunité d’accueillir un événement de la Coupe du Monde, programmé officiellement le 12 et 13 avril. Parrainée par la compagnie pétrolière Husky Oil, cette compétition comprenait les épreuves féminines de descente et de super G. Tom Johnston, Don Mousseau, Robin Valentine et Bob Dunsdon furent les fers de lance de la candidature de la montagne Red pour l’organisation d’un événement de la Coupe du Monde de 1988. La ville de Rossland et la Chambre de Commerce de Castlegar appuyèrent la candidature avec des lettres de recommandation. Des représentants des RMR (compétiteurs de Red Mountain), du Club de Ski de Red Mountain (RMSC), des autorités locales, des commerces et de l’industrie se mobilisèrent ensemble pour créer la Red Mountain-Columbia Valley Foundation (fondation englobant Red et la vallée de la rivière Columbia). Ces entreprises et commerces locaux comptaient dans leurs rangs des représentants de grosses entreprises du secteur y compris Cominco Ltd. (anciennement CM&S), West Kootenay Power & Light Co., Celgar Ltd. ainsi que les autorités régionales du Regional District of Kootenay Boundary. Ils travaillèrent avec des centaines de bénévoles pour organiser un événement de manière professionnelle et montrer au monde que la station de ski de Red n’avait rien à envier à d’autres stations d’envergure internationale. Au bout du compte, le défi fut relevé avec brio et toute l’équipe fut couverte d’éloges pour l’esprit de volontariat insufflé à l’évènement.
Impact sur les compétiteurs locaux, les Red Mountain Racers et sur la communauté
Accueillir ces deux événements sportifs majeurs eut un impact certain sur les membres de la communauté locale pour diverses raisons. Pour les skieurs locaux membres de l’Équipe Nationale Canadienne, ce fut une opportunité de concourir au niveau international à domicile devant leur public. Kerrin Lee raconte le sentiment de soutien qu’elle a éprouvé lors de sa participation à la Coupe du Monde Féminine Husky :
Je ne ressens pas davantage de pression, je pense que c’est de l’encouragement. Je pense que ça m’aide à me dépasser et tout le monde ici est tellement chaleureux, c’est incroyable. Ils encouragent tous les Canadiens, tous. Ces gens sont formidables. C’est bon de revenir au pays et d’avoir tout ce soutien.
– Kerrin Lee, Trail Times Daily, 11 mars 1988.
La rencontre du Maurier International et la Coupe du Monde de Descente Husky furent également des sources d’inspiration considérables pour tous les compétiteurs des Red Mountain Racers. De nombreux skieurs plus jeunes qui rêvaient de suivre les traces de leurs aînés eurent l’opportunité d’assister pour la première fois à une compétition internationale et virent leurs héros skier sur les pentes où ils avaient eux-mêmes skié toute leur enfance. En plus, ils eurent l’occasion de participer à la préparation d’un évènement international de première importance. De ce fait, les skieurs les plus motivés eurent une vision claire de la voie qui menait à la réussite. Enfin, pour les membres des clubs de ski et les bénévoles, il y eut une fierté particulière à accueillir des épreuves de Coupe du Monde dans une communauté aussi modeste. Ils eurent à cœur de prouver que Red était à l’hauteur de l’organisation de compétitions internationales même si leur dossier avait été rejeté lors de la candidature du Canada pour les JO de 1968. Avec deux évènements de la Coupe du Monde à son actif, le fait que Red était une station de niveau mondial devint incontestable!
Plusieurs anciens bénévoles et compétiteurs des Red Mountain Racers racontent leurs expériences en tant qu’organisateurs et participants de ces courses de championnat à Red Mountain) (sous-titres disponibles en anglais et en français – EN et FR). Visionnez cette vidéo avec une transcription (FR).
N.B. : Libby Martin était « chronométreur manuel » aux championnats du Canada, mais le chronométrage électronique était également utilisé. Le chronométrage manuel se substituait au chronométrage électronique en cas de besoin.