L’évolution du domaine du Grantham Hall
Puisque Drummondville a une place particulière dans son cœur, Herbert Meredith Marler voit la mise en vente du Grantham Hall comme une occasion à saisir, d’autant plus que le prix affiché de 8 000 $ est très peu élevé comparativement à d’autres résidences similaires. Son grand-père, George Leonard Marler, ayant été un proche de Frederick George Heriot, le domaine a une signification particulière pour le notaire montréalais qui veut y édifier un legs pour ses descendants. Après avoir demandé certains éclaircissements, Marler fait finalement l’acquisition du domaine le 13 mai 1908 pour la somme de 7 250 $. Le cimetière privé des Watts est toutefois exclu de la vente, quoique Marler soit obligé d’entretenir un accès direct entre la voie publique et le lieu de sépulture.
Le nouveau propriétaire y entame de nombreuses rénovations afin que sa famille, qui y passe ses étés, puisse profiter d’un paysage de campagne typiquement anglais. L’entrée d’origine du domaine, un chemin sablonneux venant du chemin de la rivière Noire (aujourd’hui la rivière Saint-Germain), est alors déplacée et remplacée par une allée de gravier franchissant un mur de pierres et aboutissant à un grand parterre circulaire devant la maison. Marler confie également l’élaboration de nouveaux aménagements à un talentueux jardinier, John Kirkpatrick, émigré d’Angleterre. Un jardin orné d’une fontaine et comprenant un belvédère offrant une vue sur la rivière Saint-François agrémente l’arrière de la maison, tandis qu’une roseraie et une seconde fontaine enrichissent le contrebas au sud de la résidence. Au nord, un verger et un grand potager entouré de hautes haies produisent d’innombrables fruits et légumes de toutes sortes. Les forêts vierges, où poussent pins blancs et chênes, ainsi que les champs complètent ce tableau bucolique. Le goût de Marler pour l’aménagement paysager influe également sur le portrait de Drummondville puisqu’il fournit les plans du parc Saint-Frédéric en 1911 et la fontaine des Trois Grâces y trônant.
Dès les premières années, Marler invite régulièrement son ami, l’architecte Kenneth Rea, à lui rendre visite. Grâce à son aide, Marler fait construire une maisonnette pour loger le jardinier, une autre pour le cocher Burton ainsi qu’un gigantesque poulailler surnommé le Chicken Palace. Afin de divertir les nombreux invités qu’il reçoit, le notaire fait aussi aménager, au fil du temps, un parcours de golf de neuf trous, un terrain de tennis sur pelouse de même que des jeux de croquet et de boulingrin autour de sa résidence. Le manoir n’étant pas assez vaste selon Marler, une grande aile est également érigée, jouxtant le corps principal du bâtiment. Le rez-de-chaussée comprend une vaste cuisine et un hall pour les domestiques, l’étage est composé de deux chambres pour les invités et d’une salle de bain, tandis que le grenier accueille quatre chambres pour le personnel de la maison en plus d’une autre salle de bain.
N’en ayant pas terminé avec ses idées de grandeur, Marler entame également, à la même époque, l’édification d’une nouvelle demeure au flanc du mont Royal de Montréal, au 15 de la rue Redpath-Crescent. La famille emménage dans cette résidence de cinq étages, dont deux seulement donnent sur la rue et font face à la montagne, en novembre 1915.