Frederick George Heriot, le militaire colonisateur
Originaire de l’île anglo-normande de Jersey, Frederick George Heriot est né le 11 janvier 1786, du mariage de Roger Heriot, chirurgien du 13e Régiment d’infanterie britannique, et d’Anne Susanne Nugent. Rapidement séduit par une carrière militaire, le jeune Heriot devient enseigne dans le 49e Régiment d’infanterie britannique le 28 août 1801, à l’âge de 15 ans. Après avoir obtenu une commission de lieutenant au sein du même bataillon le 9 octobre de la même année, Heriot émigre au Bas-Canada avec ses compagnons d’armes en juin 1802 pour s’installer au sein de la garnison de Québec. Il y côtoie plusieurs grands noms de l’armée britannique, notamment Isaac Brock et Roger Hale Sheaffe, et y parfait sa formation militaire.
Alors que les tensions sont vives entre les États-Unis et l’Empire britannique et que les frontières du Bas-Canada et du Haut-Canada ne sont défendues que par un léger contingent de troupes régulières britanniques, le gouverneur général du Canada, sir George Prevost, procède à la création de milices locales au printemps 1812. Le Corps d’armée provincial d’infanterie légère des Voltigeurs canadiens voit ainsi le jour, commandé par le major Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry. Les Américains déclarent finalement la guerre aux Britanniques en juin 1812 et le Canada, sous l’égide de la mère-patrie, devient le théâtre de nombreux affrontements entre les deux nations.
En mars 1813, Frederick George Heriot est nommé major intérimaire d’un détachement des Voltigeurs envoyé au Haut-Canada. Il mène ses troupes à l’attaque de Sackets Harbor, dans l’État de New York, le 29 mai 1813, puis participe à la bataille de la ferme Crysler, au Haut-Canada, le 11 novembre de la même année. Selon le lieutenant-colonel Joseph Wanton Morrison qui dirige les forces britanniques lors de l’escarmouche, Heriot y fait preuve de grandes prouesses, ce qui lui vaut une citation à l’ordre général et une médaille d’or de l’armée britannique.
Au début de l’année 1814, Frederick George Heriot accepte l’offre de Salaberry qui souhaite vendre le commandement de la milice pour la somme de 900 livres (£). Le jeune officier est alors nommé à la tête des Voltigeurs canadiens en tant que lieutenant-colonel, bien qu’il ne soit réellement promu à ce poste qu’en 1820. La compagnie participe à la campagne de Plattsburgh, dans l’État de New York en septembre 1814, avant de voir la guerre prendre fin grâce à la ratification du Traité de Gand en décembre de la même année. Le conflit terminé, le corps des Voltigeurs canadiens est dissous en mars 1815.
Pour remercier les vétérans de la guerre de 1812 des services rendus, la Couronne britannique leur offre des terres à l’intérieur de deux colonies, dont celle de la rivière Saint-François, où le chef-lieu prendra le nom de Drummondville. Frederick George Heriot en est nommé le surintendant général et veille à la distribution des lots aux soldats. En plus d’être lui-même propriétaire terrien, Heriot cumule les charges d’officier au sein de l’armée, de juge de paix, de fonctionnaire et de politicien, lui qui agit aussi à titre de député du comté de Drummond de novembre 1829 à janvier 1833.
Durant les rébellions de 1837-1838, Heriot est à nouveau appelé aux armes. La Couronne le mandate pour recruter et diriger des miliciens fidèles à l’Angleterre afin de rechercher et de mater les Patriotes présents dans les Cantons-de-l’Est. En plus de la répression, ces corps de Volontaires loyaux veillent aussi à rassurer les civils. La milice locale, menée par Heriot, est finalement dissoute au printemps 1839, peu de temps après la fin des soulèvements populaires. Sa nomination à titre de major-général de l’armée britannique le 23 novembre 1841 met un point d’honneur à sa carrière militaire.
Frederick George Heriot décède de la fièvre typhoïde le 30 décembre 1843, à l’âge de 57 ans, à sa résidence de Comfort Hall à Drummondville. Il est inhumé le 1er janvier 1844, en présence de nombreux paroissiens, près de l’église anglicane St. George de Drummondville.