La lente croissance de Drummondville
Il s’écoule de nombreuses années avant que Drummondville ne se remette de l’incendie qui a ravagé le hameau lors de l’été 1826. Après trois décennies de croissance, la population décline à partir du milieu des années 1840, jusqu’à atteindre moins de 200 habitants en 1865, la population évoluant selon les phases d’expansion et de récession de l’économie locale. La haute-ville regroupe alors plusieurs bâtiments institutionnels d’importance, notamment les églises Saint-Frédéric et St. George, ainsi que le bureau d’enregistrement. Les établissements commerciaux, les artisans, les écoles, le Hall (servant de lieu de rencontre à la Société d’agriculture) et de nombreuses résidences se retrouvent, quant à eux, au sein de la basse-ville. Ce n’est qu’en 1874 que Drummondville obtient officiellement le statut de village, puis celui de ville en 1888.
À l’époque, l’exploitation des matières premières constitue le principal moteur économique de la région, permettant à quelques entreprises de jaillir de terre et de prospérer pendant un certain temps, par exemple le moulin Cooke et la tannerie Shaw & Cassils, tous deux établis sur la rive nord de la rivière Saint-François au cours des années 1860. Ce n’est toutefois qu’en 1880 que Drummondville entame sa véritable industrialisation grâce à la mise en opération des forges de la John McDougall & Company. Les hauts fourneaux permettant la production de fer en gueuse, fabrication rendue possible grâce à l’extraction de la limonite de fer présente dans la région, sont en activité jusqu’en 1911, année de la fermeture de la compagnie.
Au tournant du XXe siècle, d’autres manufactures prennent le relais des ateliers artisanaux et s’ajoutent aux forges McDougall. C’est notamment le cas de celles-ci : Maple Clothing (chemises) en 1898, Eureka Cigar Factory (cigares) en 1899, J. A. Gosselin ltée (outillage pour les beurreries et les fromageries) en 1902, Improved Match Factory (allumettes) en 1905, Charbonneau Shoe Factory (chaussures) en 1905, Campbell MacLaurin Lumber Company (bois scié) en 1908, Demers Clothes Pin (épingles à linge) en 1911 et Walsh Plate and Structural Works (poutres en acier et en fer) en 1912.
Ces industries et l’annexion de Drummondville au réseau ferroviaire à partir de 1872, mais plus particulièrement à compter de 1887 grâce au Drummond County Railway, contribuent à l’essor économique de la localité, qui atteint 1 725 habitants en 1911. Cette croissance influe grandement sur le développement des commerces et des services. Deux importantes écoles ouvrent leurs portes en peu de temps, soit le pensionnat des Sœurs de la Présentation de Marie en 1875 et le collège Saint-Frédéric des Frères de la Charité en 1906. Jean-Napoléon Turcotte ouvre, quant à lui, son magasin général au cœur du village en 1880, tandis que Ludger et Wilfrid Grégoire font de même avec le Manoir Drummond en 1907. Finalement, l’Hôtel des Postes est construit en 1900, quelques années avant que l’Hôpital Sainte-Croix n’accueille ses premiers patients en 1910, dans l’ancien hôtel Corona.