Le Grantham Hall et son domaine
Après avoir acquis le domaine du Comfort Hall de Drummondville en 1842 et hérité d’une grande partie de la fortune et des terres de Frederick George Heriot à son décès en 1843, Robert Nugent Watts fait bâtir une nouvelle demeure sur la propriété qu’il habite maintenant depuis quelques années. D’une superficie de plusieurs dizaines d’acres, le domaine est délimité au sud par la Ferry Road (actuelle rue Saint-Georges), au nord par la rivière Prevost (portant maintenant le nom de rivière Saint-Germain), à l’est par la rivière Saint-François et à l’ouest par le chemin Royal (aujourd’hui le chemin du Golf). Ayant récemment été élu député et voyant sa famille s’agrandir, Watts entame rapidement la construction, au cœur du domaine, d’un somptueux manoir de pierres taillées, dont les murs font deux à trois pieds d’épaisseur. Ce manoir serait aujourd’hui situé sur le boulevard Gall, près de l’intersection de l’avenue des Lilas. Contrairement à la plupart des maisons de cette époque, cette propriété comporte de grandes fenêtres de style français qui contribuent à la présence, en abondance, de lumière naturelle à l’intérieur.
Offrant une impressionnante vue sur la rivière Saint-François et le hameau de Drummondville, la résidence remplace le Comfort Hall situé tout près. Les plans du bâtiment sont basés sur ceux de la villa Woodfield appartenant au beau-père de Watts, William Sheppard, et située à Sillery. À la suite d’un grave revers financier en 1847 dû à l’effondrement du commerce du bois dans lequel il est engagé, Sheppard et son épouse, Harriett Campbell, décident de quitter leur villa et de venir habiter Drummondville pour se rapprocher de leur fille Charlotte. Ils s’installent dans le canton de Wendover, près de la rivière Saint-François, où ils font construire une nouvelle résidence qu’ils nomment Fairymead. Passionné par la botanique et l’horticulture, le couple produit un effet non négligeable sur le domaine du Grantham Hall, lequel se couvre artistiquement de nombreux aménagements paysagers et d’îlots de fleurs. Ces jardins viennent compléter un tableau déjà composé de moulins, de dépendances et de boisés d’érables, d’ormes, de pruches et de pins abritant maints animaux.
En 1907, l’imposante demeure fait 40 pieds sur 75 pieds et est recouverte d’une toiture en ardoise. En plus des parterres enveloppant la résidence, celle-ci est entourée, sur trois côtés, d’une grande terrasse de 20 pieds. Le sous-sol comprend huit pièces, dont une abritant la chaudière, tandis que les autres servent à entreposer diverses provisions telles que la nourriture, la glace et le charbon. Le rez-de-chaussée est, quant à lui, composé du fumoir, du salon, de la bibliothèque, de la salle à manger et de la cuisine. Le deuxième étage accueille quatre chambres à coucher, une salle de billard et une salle de bain. Finalement, le grenier sert de quartier aux domestiques et d’entreposage.