L’âge d’or des papetières
En parcourant la rivière, on ne peut pas s’empêcher de remarquer ces immenses bâtiments de briques dont les cheminées semblent s’élever jusqu’au ciel. C’est que les industriels du secteur de l’énergie ne sont pas les seuls à avoir flairé la bonne affaire. Des investisseurs ont trouvé une ingénieuse façon de tirer profit des atouts de la rivière en faisant construire sur ses rives des usines de papier.
Un terreau fertile
De nombreux facteurs ont favorisé l’implantation de ce secteur, notamment l’abondance de la matière ligneuse, la navigabilité du Saint-Maurice pour le transport du bois, la présence du chemin de fer de même que la puissance des centrales électriques de la Shawinigan Water and Power.
Que dire aussi d’une main-d’œuvre mauricienne habituée à la rigueur du travail dans les champs et à l’austérité de la vie de bûcherons. Très nombreux et peu exigeants sur le plan salarial, ces travailleurs constituent un atout non négligeable pour les industriels. À leur apogée au début des années 1950, les usines de papier de la Mauricie donnent du travail à plus de 6 000 personnes.
À quoi ressemblait le travail d’un essayeur pollution de la Belgo ? (sous-titrage disponible en FR et EN) – Regarder la vidéo avec la transcription (FR)
La Laurentide lance le bal
C’est l’usine Laurentide de Grand-Mère qui donne le ton à l’industrialisation de la Mauricie. Elle marque un tournant dans le développement économique du Québec, car elle contribue à la naissance de la seconde révolution industrielle basée sur l’exploitation des ressources naturelles et l’utilisation de l’électricité comme source d’énergie. La Laurentide est considérée au début du 20e siècle comme la plus importante usine de papier journal au Canada.
On assiste alors à un véritable élan industriel. De 1887 à 1922, sept usines de papier journal sont érigées de La Tuque à Trois-Rivières le long du Saint-Maurice sur une distance de près de 200 kilomètres. Les capitaux viennent non seulement du Canada et des États-Unis, mais aussi de l’Europe grâce aux premiers investissements belges au pays avec la Belgo de Shawinigan dont la construction débute en 1900. Sept ans plus tard, on entreprend les premiers travaux de l’usine Brown de La Tuque.
Capitale mondiale
La ville de Cap-de-la-Madeleine accueille une usine en 1910, puis trois autres s’installent à Trois-Rivières entre 1911 et 1922. Cette concentration confère à la cité de Laviolette le titre de capitale mondiale du papier qu’elle revendique de 1930 à 1960.
Aujourd’hui, seulement deux usines de Trois-Rivières, la Kruger et la Kruger-Wayagamack, ainsi que l’usine WestRock de La Tuque sont encore en activité. Ces trois usines, dont deux centenaires, emploient désormais près de 1000 travailleurs qui produisent différents types de papiers et de cartons.