La Classique, lieu de rencontres
Source : Claude Bellemare
Chaque édition de la Classique internationale de canots de la Mauricie a amené son lot d’aventures et pas seulement pour ceux qui ont bravé la rivière ! Chez les Bellemare, la course était synonyme de rencontres puisqu’ils hébergeaient chaque année quelques passionnés le temps de l’épreuve. En 1959, Claude Bellemare, alors adolescent, voit débarquer chez lui, accompagnés de leur famille, Marcel Stewart et John Baptiste Laliberté, deux canotiers autochtones de la Saskatchewan.
Si tout ce beau monde se retrouve un peu à l’étroit autour de la table à manger, l’esprit d’entraide règne dans la chaumière shawiniganaise. Cette chaleur humaine n’empêche cependant pas Marcel et John de vivre un petit choc culturel. Même une pinte de lait était exotique pour les deux canotiers qui arrivaient d’une réserve au cœur du Canada ! Alors imaginez leur surprise lorsque Claude a eu l’idée de les amener au cinéma pour voir se déhancher Elvis Presley sur les plages hawaïennes !
L’aventure s’est poursuivie avec leur participation à la course. La première étape, prometteuse, les place au huitième rang. À l’arrivée de la deuxième étape, les Bellemare attendent impatiemment de voir si leurs protégés auront réussi à améliorer leur classement. Les équipes rentrent les unes après les autres, mais Marcel et John n’arrivent toujours pas. Avec les heures qui passent, l’inquiétude s’étend à toute l’organisation qui mobilise la police et la radio pour les retrouver.
Au cœur de la nuit, un automobiliste les aperçoit finalement près de la route. Pris de crampes, l’un des coéquipiers était incapable de continuer et ils s’étaient arrêtés pour prendre du repos. Habitués à se débrouiller par eux-mêmes, il ne leur était pas venu à l’idée de demander de l’aide.
Une fois remis de cette frousse, les Bellemare n’étaient cependant pas au bout de leurs peines. Il leur fallait en effet dire adieu à ceux qui avaient partagé leur quotidien et leur foyer le temps d’une Classique. Avec chaque course, c’est un lot de rencontres qui se tissent au fil de l’eau entre des gens d’ici et d’ailleurs. Et dans chaque canot, c’est une aventure humaine qui se fraie un chemin dans le cœur des Mauriciens depuis 1934.