Qui étaient les travailleurs forestiers ?
Source : Appartenance Mauricie Société d’histoire régionale, 2019
Entrevue avec Normand Séguin, historien et professeur émérite de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Texte à l’écran : Qui étaient les travailleurs forestiers ?
Gros plan sur monsieur Normand Séguin. Texte à l’écran : Normand Séguin, historien.
Normand Séguin : Ils venaient de la région on peut dire à 80% et puis les autres sur la bordure de la région parce que le Saint-Maurice, c’est tellement gros et les eaux sont tellement abondantes que la définition de région devient arbitraire. Essentiellement des cultivateurs.
Des photographies se succèdent. La première montre une charrette en bois tirée par deux chevaux dans un camp forestier. La deuxième met de l’avant six travailleurs forestiers devant une corde de bois. Deux d’entre eux lancent des pitounes sur le haut de la corde. La dernière photo présente six bûcherons de différents âges qui posent à l’intérieur d’un camp. Plusieurs tiennent leur scie et l’un d’entre eux est assis sur un billot.
Retour sur le gros plan de M. Séguin
Normand Séguin : Quand on doit aller à l’abattage, c’est parce que dans la famille, on estime que c’est extrêmement important d’obtenir ce revenu d’appoint dont je parlais tantôt. Si on a des fils en âge d’aller travailler – entre 16 et 25 ans – parfait, ça déstabilise moins la famille. Ça crée quand même une pression très grande pour ceux qui vont en forêt, parce qu’ils vont devoir vivre dans des conditions qui sont très difficiles.
Une photographie montre la construction de baraques de bois en pleine forêt.
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Normand Séguin : Les agriculteurs, dans la société paysanne, sont des bûcherons, sont des constructeurs, ils savent faire flotter. Ils savent tout, mais quand ils sont en forêt, ils le font à un niveau de risque qui est intense.
Des photographies se succèdent. La première montre deux bûcherons qui ébranchent un arbre à coup de hache sur une route boueuse. Le seconde présente un grand bâtiment de bois qui servait d’hôpital à La Trenche en 1951. La dernière image est une vue aérienne d’un draveur qui dirige des billots à partir d’une estacade.
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Normand Séguin : Si on donne un mauvais coup de hache et on a le coup dans la jambe, c’est fini pour vous. Si vous forcez trop et que vous avancez en âge un peu, vous pouvez faire une crise cardiaque. Vous pouvez tomber dans l’eau qui est très froide et l’eau froide va vous tuer dans une minute.
Les femmes voyaient partir les hommes avec un pincement pis les hommes avaient beaucoup de temps à penser à leur famille aussi.