L’ère des grands travaux – Le bois
Toujours installés dans notre campement en Haute-Mauricie, tournons-nous vers cette forêt, ressource précieuse dont le destin est intimement rattaché à celui du Saint-Maurice. Les grosses comme les petites entreprises ont l’idée de se servir de la rivière pour transporter des pins gris et des épinettes.
En 1831, le gouvernement du Bas-Canada commence à concéder des territoires forestiers dans la région de Shawinigan. C’est le début de l’ère du bois. On produit alors du bois équarri utilisé dans la fabrication des navires. Quelques décennies plus tard, on verra apparaître l’industrie du bois de sciage utilisé notamment dans la construction résidentielle.
Un problème subsiste cependant avant 1850 : comment faire circuler le bois sur cette rivière capricieuse et indocile au débit inégal ? En effet, les billes de bois sont englouties par les chutes et il est difficile de leur faire passer les rapides.
L’ingéniosité mauricienne
C’est en faisant preuve de vaillance qu’on relèvera le défi! En 1851, le gouvernement colonial vote un budget pour la construction des premiers aménagements pour faciliter le flottage sur le Saint-Maurice.
On drague la rivière et on enlève les roches. En Haute-Mauricie, des barrages et des écluses sont construits sur les affluents du Saint-Maurice. Pour contourner les chutes de Shawinigan, de Grand-Mère et de La Tuque, on construit des digues, des estacades et des glissoires à billes.
Antonin Zaruba, ingénieur retraité d’Hydro-Québec, rappelle comment les barrages étaient construits sur les affluents du Saint-Maurice:
La quantité de petits barrages en bois en Haute-Mauricie, c’était hallucinant ! Ils ont envoyé un paquet de bûcherons dans le bois et eux autres ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont abattu des arbres et ils ont construit un barrage en bois.
Ils choppaient [coupaient] le bois tout autour, garrochaient ça dans le réservoir qui était créé par ce petit barrage puis après, au printemps, au dégel, ils ouvraient la passe. Et envoye le bois vers le bas ! Ils étaient ingénieux ! Ces barrages-là, il y en avait, il y en avait… quelque chose comme 96 !
Grâce aux efforts déployés par les Mauriciens, les relevés gouvernementaux de 1894 dénombrent 755 000 billots qui voyagent sur le cours d’eau. C’est le chemin de fer, qui se rend jusqu’à Grandes-Piles en 1879, puis en Haute-Mauricie en 1911, qui permet d’exploiter le territoire plus au nord. Les grands travaux de l’ère du bois ont permis d’ouvrir la voie vers ces grandes forêts lointaines.