L’ère des grands travaux – L’énergie
Le courant qui nous porte depuis le début de notre voyage en canot est fort régulier, mais il n’en a pas toujours été ainsi.
L’arrivée d’une compagnie d’hydroélectricité à fin du 19e siècle, la Shawinigan Water and Power, mènera à un projet d’aménagement sans précédent sur le Saint-Maurice. Il faut régulariser son débit, très puissant au printemps et trop faible en été. Cette situation ne favorise guère la construction de centrales sur la rivière. Son aménagement est donc nécessaire pour la production d’électricité et sera aussi utile pour le flottage du bois.
Le réservoir Gouin
Amorcée en 1916, la construction du barrage Gouin, à la tête du Saint-Maurice, permet de créer un réservoir de 8,5 milliards de mètres cubes d’eau.
C’est un défi de taille à l’époque, comparable à celui de la Baie James au début des années 1970. Le barrage Gouin, qui mesure 502 mètres de largeur par 26 mètres de hauteur, est une preuve de l’ingéniosité des hommes de ce temps.
N’oublions pas que lors de la prospection, de l’arpentage du terrain et de la construction des premiers campements, les matériaux étaient transportés par train jusqu’à Wemotaci, puis qu’on les embarquait sur des traîneaux à chien ou dans des canots ! On construira ensuite des routes pour le transport des équipements lourds.
Malgré toute l’inventivité déployée, il ne faudrait pas oublier que la construction du barrage a aussi eu des effets négatifs, puisque le village atikamekw d’Opitciwan est inondé, tout comme le territoire de chasse traditionnel de cette nation. Ceci a des impacts dramatiques sur la communauté et contribue à leur incapacité à vivre selon leur mode de vie ancestral.
Le Saint-Maurice est aujourd’hui l’une des rivières les mieux régularisées au Canada. Malgré cela, le gel et les crues peuvent entraîner des inconvénients, notamment des inondations. C’est une preuve de notre incapacité à dompter complètement cette nature puissante.