La pêche
Histoire de pêche ? J’en ai perdu le fil.
Au bout du récit, le poisson se défile,
Partant avec l’appât hérité d’un ancêtre.
Il aurait mordu là où vrai, faux s’enchevêtrent,
Par où le Saint-Maurice engendre ses légendes,
Cascade où l’anecdote et l’orgueil y descendent.
Vincent Painchaud
Que diriez-vous d’un petit arrêt le temps d’une partie de pêche ! Les poissons ne manquent pas dans les eaux de la rivière, mais il faudra rivaliser d’ingéniosité pour attraper les plus belles prises!
Sortez vos filets
Puisque leur survie dépendait en partie de la quantité de poissons qu’ils récoltaient, les Atikamekw avaient développé des méthodes de pêche des plus créatives.
Pour attraper un corégone, un doré ou une truite grise, les Autochtones utilisaient le filet. Parfois, ils le remplaçaient par un hameçon en os d’orignal et des mouches faites de poils et de plumes. Toujours aussi efficace, la pêche au filet, fabriqué de manière ancestrale, est encore pratiquée aujourd’hui.
Dans l’épopée de la pêche sur le Saint-Maurice, il y a cependant une période noire qui correspond aux années du flottage et de la drave.
À partir du milieu du 19e et tout au long du 20e siècle, une pollution aquatique affecte non seulement la reproduction des poissons et la diversité des espèces présentes, mais aussi leur qualité.
On délaisse donc la rivière au profit des lacs de la Haute-Mauricie jusqu’à la fin du flottage du bois en 1995.
Un retour en force
Depuis le début du 21e siècle, la situation s’améliore grandement. Le Saint-Maurice recouvre peu à peu sa santé, comme en témoigne la présence de poissons de tous les âges exempts de parasites. Selon Mario Genois, guide de pêche :
Il y en a encore gros qui disent qu’il n’y en a pas de poissons… Ce n’est pas vrai ! […] Les gens ne savent pas la pêcher.
Les défis que représente la rivière l’ont amené à user de toute sa créativité pour développer une méthode de pêche sur mesure.
Après plusieurs années d’essais et d’erreurs, il en est venu à la conclusion que la meilleure stratégie est d’utiliser des vers de terre comme appâts avec des marcheurs de fond qu’il fabrique lui-même à la main afin qu’ils soient parfaitement adaptés au relief de la rivière.
Avec cette technique originale, le guide ne revient presque jamais bredouille de ses sorties de pêche et son entreprise est florissante.
Mario Genois insiste aussi sur un autre défi lié au Saint-Maurice.
C’est une rivière accidentée, c’est une ancienne poubelle ! Le gros problème, c’est de ne pas perdre les leurres qu’on met dans l’eau. Parce que moi je gratte le fond. C’est normal de rester pris.
Le Saint-Maurice porte les traces de son histoire et il n’est pas rare d’y prendre son hameçon dans un billot de bois, souvenir de l’époque de la drave.