La force de l’eau au profit de la seigneurie
Au début de la colonie, s’établir sur une parcelle de terre pas trop éloignée du moulin est souvent synonyme de réussite. Cette industrie de l’époque permet à l’île Jésus de se développer. Construit sur les berges des rivières, le moulin représente le centre économique de la seigneurie. Propriété du seigneur, il est utilisé par le colon afin de moudre ses récoltes, transformant le grain en farine. Mais pour avoir ce droit, le colon doit payer au seigneur un montant en argent ou donner une partie de sa farine.
Le premier est construit à Saint-François-de-Sales, en 1716. Cela attire quelques colons qui viennent s’installer à la pointe est de l’île. Même si la proximité du moulin est importante, la plupart des colons préfèrent obtenir une grande terre à défricher. Ils vont s’établir à l’ouest de Saint-François-de-Sales et rapidement, d’autres moulins sont construits pour répondre à la demande.
Le moulin du crochet est construit sur la rivière des Prairies en 1805. Situé dans le secteur actuel de Laval-des-Rapides, il est le plus connu. Avec ses 100 pieds par 50 et ses deux étages et demi, jamais le Séminaire de Québec n’en a fait construire de plus gros. Les coûts très élevés de construction, qui s’élèvent à 165 938 livres (ancien cours) expliquent peut-être le fait qu’il sert de manoir seigneurial jusqu’en 1832.
Les moulins de la région sont majoritairement hydrauliques. Leur mécanisme fonctionne grâce à la force de l’eau, permettant de transformer les récoltes des paysans en délicieuse farine!
En 1890, le Séminaire vend sa propriété à François Lavoie, qui le revend cinq ans plus tard aux Sœurs du Bon-Pasteur. Il est finalement détruit en 1930 par la Montreal Light Heat and Power Company, en raison de la construction du barrage et de la montée des eaux.
En tout, c’est plus d’une dizaine de moulins qui sont construits sur l’île Jésus. Pour le Séminaire, ils représentent la meilleure façon de faire de l’argent. Malgré tout, les revenus diminuent au 19e siècle et aujourd’hui il ne reste aucun moulin.