Entrevue de Rémi Jodouin sur les conditions de vie des mineurs dans les années 1930
Date : 1976
Crédits : BAnQ Rouyn-Noranda, fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda, série entrevues. 08Y,P34,S2,P59.
Légende pour la photo : Deux mineurs qui opèrent une foreuses dans une galerie de la mine Horne.
Source de la photo : BAnQ Rouyn-Noranda, fonds Canadien National. 08Y,P213,P468.
Animatrice : Et puis, vous êtes entré à la mine en 1931. Est-ce que vous pouvez me raconter ce qui se passait à ce moment-là dans les mines? Comment se faisait le travail?
Rémi Jodouin : D’abord, je ne suis pas entré à la mine Noranda en 1931, je suis entré à la mine Arnfield. Et puis, les instruments qu’on avait pour travailler étaient des plus primitifs. On avait le strict nécessaire. Et puis là, il s’agissait de développement, ce n’était pas de la production encore. C’était une mine prospect (projet) qu’on appelle. Et puis, j’ai dû travailler pas mal fort parce qui avait beaucoup de compétition. Il y avait des gars qui attendaient en masse pour la job (l’emploi). Et puis la mentalité de certain gens, mais pas toute, il ne faut pas dire que c’était la généralité, mais la mentalité de certaine gens était joliment cruel. Je me rappelle que j’ai travaillé avec un type de 225 lb, moi je pesais environ 130 lb et il essayait de me faire mourir pour lui passer pour meilleur homme.
Animatrice : Et puis, à quelle heure vous commenciez le matin?
Rémi Jodouin : Le matin on commençait à 7 heures et on avait une demi-heure pour diner et puis de là on était supposé de finir à 3 heures, mais seulement quand le travail n’était pas fait, on appelait ça une ronde, quand on n’avait pas fini de driller (forer) tant de trous pour pouvoir dynamiter, bien [il] fallait faire du temps supplémentaire qui n’était pas reconnu et qui n’était pas payé, parce qu’on nous faisait accroire que c’était parce qu’on manquait de compétences que ça nous prenait tellement de temps.
Animatrice : Parce qu’à ce moment-là, il n’y avait pas de protection pour le travailleur à la mine?
Rémi Jodouin : Bien, notre seule protection, c’était de faire du travail autant que possible pour être reconnu comme un producteur spécial, ce qui nous donnait un avantage sur l’autre qui s’était un peu plus laissé aller, on pourrait dire.
Animatrice : C’était de la compétition?
Rémi Jodouin : C’était de la compétition!